Robert Marteau (1925 – 2011) : Brindilles au ciel
Brindilles au ciel, je m’imagine qu’un homme
Pourrait, chaque jour, attentif à cela seul,
L’arbre, consacrer à sa croissance sa vie,
Acquiesçant, acquérant par ce soin assidu
Connaissance autre contre quelconque désir
De savoir ; qu’il comprendrait, livré à la joie,
Par superstition l’envers vide où plus rien
Ne résiste à être identifié par qui
Ne prononce pas en vain le nom ; connaîtrait,
Voué en pure perte au temps, l’accès, non qu’il
Voulût, s’étant défait de tout gain, gagner Dieu
Sait quoi ; grain à grain, conduirait sa route nulle,
Sans marques, à la source au moins de la mémoire ;
Y ferait de bois neuf la flûte, non la croix.
(Berge des Tuileries, février 1987)
In, « Arpentage de la poésie contemporaine »
Trois Cailloux – Maison de la Culture d’Amiens éditeur
Collection « In’hui », Amiens, 1987
Du même auteur :
« Ne fais pas de ta vie un désert… » (27/08/2014)
« C’est ce que j’aime… » (27/08/2015)
« Un arbre éperdument… » (27/08/2016)
« Quelque chose au ras de l’eau... » (01/06/2019)
« J’aime au linge... » (01/06/2020)
Là-bas (01/06/2021)