Théodore Agrippa d’Aubigné (1551 – 1630) : « Je sens bannir ma peur... »
Je sens bannir ma peur et le mal que j'endure,
Couché au doux abri d'un myrte et d'un cyprès,
Qui de leurs verts rameaux s'accolant près à près
Encourtinent(1) la fleur qui mon chevet azure !
Oyant virer au fil d'un musicien murmure
Milles nymphes d'argent, qui de leurs flots secrets
Bebrouillent(2) en riant les perles dans les prés,
Et font les diamants rouler à l'aventure.
Ce bosquet de vert-brun qui cette onde obscurcit,
D'échos harmonieux et de chants retentit.
Ô séjour aimable ! ô repos précieux !
Ô giron, doux support au chef qui se tourmente !
Ô mes yeux bien heureux éclairés de ses yeux !
Heureux qui meurt ici et mourant ne lamente !
(1) tapissent
(2) emmêlent
Le Printemps : L’hécatombe à Diane
In, « Oeuvres complètes de Théodore Agrippa d’Aubigné, Tome troisième »
Alphonse Lemerre éditeur, 1874
Du même auteur :
« Les rois, qui sont du peuple... » (18/02/2019)
« Je veux peindre la France... » (18/02/2021)
L’Hiver (20/08/2023)