Thadée Peiper (? – 19 ?) : Les yeux au-dessus de la ville
LES YEUX AU-DESSUS DE LA VILLE
Imaginer un nid
dans le sommet de la cheminée d’une usine ...
J’y habite avec mes yeux
J’y vis comme dans la tour d’une cathédrale
qui n’est pas encore construite
d’une cathédrale de charbon.
Sous la protection des tuyaux caressants
s’élève vers moi
le parfum chaud
de la fatigue et de la joie de l’homme
Le fracas et le rire que j’entends
= un chant
à la gloire du corps de la terre.
La fumée qui me chatouille
= la victoire
de l’âme du charbon.
J’arrache mes yeux.
Dans la curiosité comme dans un papier
je taille des ailes
Je les épingle à mes flancs.
Et mes yeux deux miroirs volants tournent au-dessus de la ville.
Traduit du polonais
In, Revue Manomètre, N° 2, Octobre 1922, Lyon
Du même auteur : Entre les copeaux de la journée (08/04/2018)