Nakahara Chûya (1907 – 1937) / 中原 中也 : Sur le lac
Sur le lac
Quand la lune soudain resplendira,
Nous sortirons pour voguer sur les eaux.
Le clapotis des vagues nous atteindra sans doute,
Il y aura même un peu de vent, je crois.
Quand nous gagnerons le large il fera sombre sans doute.
Et le son de l’eau gouttant le long des rames
Nous l’entendrons, je crois, comme une chose très intime
- Au milieu des blancs laissés par tes paroles.
La lune tendra l’oreille, sans doute,
Peut-être même descendra-t-elle un peu,
Et lorsque nous rapprocherons nos lèvres
Nous l’aurons, je crois, juste au-dessus de nos têtes.
Et toi toujours, tu parleras sans doute,
Mots légers ou boudeurs,
Que j’écouterai, je crois, dans leurs moindres détails
- Sans que mes mains ne cessent de ramer.
Quand la lune soudain resplendira,
Nous sortirons pour voguer sur les eaux.
Le clapotis des vagues nous atteindra sans doute,
Il y aura même un peu de vent, je crois.
Traduit du japonais par Yves-Marie Allioux
in, Nakahara Chûya : « Poèmes »
Editions Philippe Picquier, 16630 Arles, 2005
Du même auteur :
Automne aveugle (30/06/2020)
Le chant des grenouilles (30/06/2021)