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Le bar à poèmes
18 mai 2019

Angel González (1925 - 2008) : Le vaincu / El derrotado

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Le vaincu

 

Loin derrière sont les décombres :

ta maison, en pans fumants,

les étés incendiés, le sang séché,

ta maison , et ton sang où s’abat

- comme un dernier vautour –

le vent.

Toi tu vas de l’avant, tu t’achemines

vers l’avenir, ce temps qui mérite son nom.

Tu t’en vas parce que tu n’as plus rien,

tu n’as plus de patrie (et tu n’en auras plus)

car ton cœur déshabillé

ne peut plus s’enraciner nulle part.

Bien que ce soit très simple,

tu ne pourras jamais plus franchir une grille

et ne diras : « bonjour,

mère ».

Tu ne le pourras jamais plus :

même si la journée est vraiment bonne,

même si l’aire est couverte de gerbes,

même si les arbres allongent vers toi

leurs branches lourdes

pour t’offrir des fruits

où l’ombre douce à ton repos.

 

Traduit de l’espagnol par Jacinto Luis Guereña

In, « Anthologie bilingue de la poésie espagnole contemporaine »

Gérard & C°, (Marabout Université), Verviers (Belgique), 1969

Du même auteur :

Monde inquiétant (18/05/2015)   

Synesthésie (18/05/2016)

Anniversaire d’Amour / Cumpleaños de amor (18/05/2017)

Ce sont les mouettes, mon amour / Son las gaviotas, amor. (18/05/2018)

Qu’y pouvons-nous ? (18/05/2020)

Sonnet / Soneto (18/05/2021)

Tout cela n’est rien / Esto no es nada (18/05/2022)

Rien n’est pareil / Nada es lo mismo (18/05/2023)

Eté à bidonville (18/05/2024)

 

 

 

 

 

 

 

 

El Derrotado

 

 

Atrás quedaron los escombros:

humeantes pedazos de tu casa,

veranos incendiados, sangre seca

sobre la que se ceba - último buitre -

el viento.

 

Tú emprendes viaje hacia adelante, hacia

el tiempo bien llamado porvenir.

Porque ninguna tierra

posees,

porque ninguna patria

es ni será jamás la tuya,

porque en ningún país

puede arraigar tu corazón deshabitado.

 

Nunca -y es tan sencillo-

podrás abrir una cancela

y decir, nada más: «buen día,

madre».

Aunque efectivamente el día sea bueno,

haya trigo en las eras,

y los árboles

extiendan hacia ti sus fatigadas

ramas, ofreciéndote

frutos o sombra para que descanses.

 

Sin esperanza, con convencimiento

 Colliure (Barcelona), 1961

Poète précédent en espagnol :

José Hierro: « J’aimerais, ce soir... / Quisiera esta tarde... » (25/04/2019)

Poème suivant en espagnol :

Jean de La Croix / Juan de La Cruz : Flamme vive d’amour / llama de amor viva (27/05/2019)

 

 

 

Commentaires
H
Chaque matin un moment de poésie ,<br /> <br /> Quel bonheur<br /> <br /> MERCI
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