Hatim al-Tai (? - 528) /حاتم بن عبد الله بن سعد الطائي : Tel je suis
Tel je suis
Ô Mawia, les biens de ce monde accordés passent
ainsi que des voyageurs attardés,
arrivent le matin et nous quittent le soir ;
ne restent que leur souvenir dans les veillées.
Ô Mawia, le mendiant qui vient implorer notre secours,
jamais nous ne lui répondons :
Va ton chemin, nous sommes vraiment trop pauvres
pour te donner parcelle de notre bien.
Ô Mawia, quand après ma mort la chouette
ira voleter tout autour de mon tombeau,
assoiffé sous la terre, aurai-je auprès de moi
les trésors que la vie m’aura laissé amasser ?
Je disposerai donc de toutes mes richesses
en faveur de ceux qui en auront besoin ;
ma faim étant apaisée, elles deviendraient
une masse inutile auprès de moi laissée...
De longs jours nous avons supporté la misère
et gémi sous le poids de l’humiliation :
le siècle dur nous a fait boire en ces deux coupes.
A présent notre cœur nous pousse à partager.
Traduit de l’arabe par René R. Khawam
in, « La poésie arabe des origines à nos jours »
Editions Phébus, 1995