Thomas Tranströmer (1931 – 2015) : Prison
Prison
Ils jouent au football
soudaine confusion – la balle
a fait le mur.
*
Ils font souvent du bruit
pour effrayer le temps jusqu’à
ce qu’il trotte plus vite.
*
Des vies mal épelées –
la beauté subsiste sous forme
de tatouages.
*
Quand on reprit le fugitif
il avait les poches pleines
de chanterelles.
*
Le fracas des ateliers
et les pas lourds du mirador
déroutaient la forêt.
*
Le portail s’ouvre en glissant
nous voici dans la cour du pénitencier
dans une nouvelle saison.
*
Les lampes du mur s’allument –
le pilote du vol de nuit voit une tache
de lumière irréelle
*
Nuit – un semi-remorque
passe tout près, les détenus
rêvent en tremblant.
*
Le garçon boit du lait
et s’endort tranquille dans sa cellule
une mère de pierre.
Traduit du suédois par Jacques Outin
In, Tomas Tranströmer : Baltiques, Oeuvres complètes 1954 – 2004
Le Castor Astral / Editions Gallimard (Poésie), 1996 et 2004
Du même auteur :
17 poèmes (30/01/2016)
Secrets en chemin (30/01/2017)
Ciel à moitié achevé (30/01/2018)