Francisco de Quevedo y Villegas (1580 – 1645) : A Rome, ensevelie sous les ruines / A Roma sepultada en sus ruinas
A Rome,
ensevelie sous ses ruines
Tu cherches Rome en Rome, ô pèlerin,
Et Rome même en Rome n’aperçois :
Cadavres sont les murs qu’elle montra,
Et tombe de soi-même l’Aventin.
Ci-gît, où il régnait, le Palatin ;
Tout élimées du temps, vois les médailles,
Défaites plus encore des batailles
Livrées par l’âge que blason latin.
Reste le Tibre, seul, dont le courant,
Ville, la sut baigner, et sépulture,
La pleure d’un funeste son dolent.
Ô Rome ! en ta grandeur, en ta parure,
Ce qui est ferme a fui, et seulement
Le fugitif demeure et dure.
Traduit de l’espagnol par Claude Esteban
in, « Anthologie bilingue de la poésie espagnole »
Editions Gallimard (La pléiade), 1995
Du même auteur :
« J’aurai vu les remparts... » / « Miré los muros... » (27/01/2021)
« Du dernier jour déjà le glas résonne... » / « Ya formidable y espantoso suena... (19/09/2024)
A Roma,
sepultada en sus ruinas
Buscas en Roma a Roma ¡ oh peregrino !
y en Roma misma a Roma no la hallas :
cadáver son las que ostentó murallas,
y tumba de sí proprio el Aventino.
Yace donde reinaba el Palatino ;
y limadas del tiempo, las medallas
más se muestran destrozo a las batallas
de las edades que blasón latino.
Sólo el Tíbre quedó, cuya corriente,
si ciudad la regó, ya, sepultura
la llora con funesto son doliente.
¡ Oh Roma ! en tu grandeza, en tu hermosura,
huyó lo que era firme, é y solamente
lo fugitivo permanece y dura !
Poème précédent en espagnol :
Federico Garcia Lorca : Village / Pueblo (19/12/2018)
Poème suivant en espagnol :
Felix Grande : « S’asseoir ici ... » / « Sentarse aquí ... » (20/01/2019)