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Le bar à poèmes
19 septembre 2024

   

 

  Du dernier jour déjà le glas résonne

Dans le secret du cœur épouvanté ;

Déjà la dernière heure noire et froide

Avance, lourde, d’ombres et d’effroi.

 

     Mais si c’est le repos, la paix sereine

Que, sous le travesti de la douleur,

La mort apporte, sa rigueur est douce

Et plus tient de caresse que de peine.

 

     Alors, pourquoi cette crainte panique

De qui, pieusement, vient racheter

L’âme de la prison de ses misères ?

 

     Qu’elle vienne priée – c’est pour mon bien –

Me trouve bénissant et non transi

Et, m’achevant, ordonne ma vraie vie.

 

 

Traduit de l’espagnol par Mathilde Pomès,

in, « Anthologie de la poésie espagnole »

Librairie Stock, 1957

 

Formidable déjà, farouchement résonne

Dans le dedans du cœur le dernier jour,

Et l’heure ultime, opaque et froide,

S’approche, avec ses ombres et sa terreur.

 

Si l’aimable repos, la paix sereine,

Vêtus de deuil, nous viennent de la mort

Courtoise celle-ci se montre encore

Sous le dédain, et caressante plus que fière,

 

Que cherche la frayeur mal accordée

De celle qui pieusement s’attache

A dépendre l’esprit de ces malheurs ?

 

Qu’elle avance, puisque mon bien marche avec elle ;

Qu’elle me trouve, oublieux non, mais sans effroi ;

Qu’elle achève ma vie et me gouverne.

 

 

Traduit de l’espagnol par Claude Esteban

in, « Anthologie bilingue de la poésie espagnole »

Editions Gallimard (La pléiade), 1995

 

Du même auteur :

A Rome, ensevelie sous les ruines / A Roma sepultada en sus ruinas (11/01/2019)

« J’aurai vu les remparts... » / « Miré los muros... » (27/01/2021)

 

Ya formidable y espantoso suena

Dentro del corazón el postrer día,

Y la última hora, negra y fría,

Se acerca de temor y sombras llena.

 

Si agradable descanso, paz serena,

La muerte en traje de dolor envía,

Señas da su desdén de cortesía:

Más tiene de caricia que de pena.

 

¿Qué pretende el temor desacordado

De la que a rescatar piadosa viene

Espíritu en miserias añudado?

 

Llegue rogada, pues mi bien previene;

Hálleme agradecido, no asustado;

Mi vida acabe y mi vivir ordene.

Poème précédent en espagnol :

Luis Mizón : Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (III) (05/08/2024)

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