Olivier Deschizeaux (1970 -) : Je me suis vu (I)
Je me suis vu
I
Je me suis vu
enfant cognant mon crâne aux montagnes de sable jurant sur le front des mers
que la chair pourrit en mes entrailles comme une barque de démon luttant pour
la vie en un éclair de ténèbres et ma mère qui défait mon poitrail aux vents des
christ morts
je me suis vu
happant la vérité d’un dieu malade au bord de mon lit et mille molochs lèchent
mes cuisses enduites de terre là où respire ma seule nuit de tristesse
je me suis vu
quarante ans de solitude dérive mentale folie cherchant mon frère à travers la
boue des lunes endiablées et dans le ciel brûle une étoile de carton je me love
dans l’alcôve de ma mémoire je suis une ambulance qui emporte les jardins
andalous dans les cratères de l’ombre blanche mon nom s’efface de la fenêtre
défunte
je me suis vu
tuant la bête luttant pour la survie des têtes fracassées mon père porte une bure
de satin noir et mes ongles sont arrachés par la misère je suis un homme seul
parmi les cimetières de mon enfance je ne dois rien à personne drogues roses
psychoses schizoses à l’envers du sang nègre d’avoir trop courbé l’échine
je me suis vu
tuant vos âmes animales et dans ma nuit mes chairs sont des tumeurs de
morosité je suis mort maman sans espoir ni sel à ma table le don des sept lieues
est une chimère pour les mères aux larmes d’encre
je me suis vu
hurlant comme un âne jetant mes ailes aux flammes de ton regard écoutant la
guitare de mon frère pleurer sur les nuits de solitude chantant la mort de toute
vie en mon cœur et toi ma sœur tu me regardes d’un œil rouge souffrant pour
moi
je me suis vu
hantant les manoirs de la désolation les écoles et les chantiers de la raison
perdue mais plus personne ne m’attachera aux arbres de la folie je suis libre
mort peut-être mais libre ma voix entame l’hymne dixie mais je vis encore
parmi les senteurs de l’encens royal je suis une bête au cou brisé
je me suis vu
saignant sur les vents de la terreur et la peur de mourir devient moins brune que
celle de vivre sous les paupières du poète ivre se joue l’apocalypse de
l’existence animale emmène-moi loin des rives où mes rêves sont des chiens
saouls dévorant le jour
je me suis vu
sur le toit de mon catafalque embrassant l’âme des linceuls pleurant tordant
mes os à l’orée des sentinelles de faïence la nuit tarde à vomir ses monstres ô
christ bénis mon ventre épais
je me suis vu
violant la fée de mon dernier souffle soupirant dans les limbes de soufre où
pourrissent mes souvenirs d’enfance endimanchés crachant mon venin sur un
ange à demi mort et la cruauté de mes dents noires sous le retable d’une
lumière à jamais éteinte et le temps qui s’envole en des prisons de terre
je me suis vu
déclamant les psaumes du christ à des judas honteux jouant mon âme aux dés
du hasard et filant vers l’étoile gauloise oubliant peut-être qu’un jour je fus le
fils de l’espoir
je me suis vu
haletant halant mon frère criant dans les draps de la souffrance ô mère quels
sont ces hurlements de louve en mes miroirs de feu je ne peux marcher plus
loin dans la lave mes bottes sont des cimetières pour corbeaux de crin et les
merles blancs de chanter mon nom aux enfers juvéniles
je me suis vu
quarante ans plus tard le berceau vide humant la nuit de désolation et
questionnant ma misère des larmes sur les poings fermés par la rage des vents
noirs
je me suis vu
écoutant le chant des aurores à minuit près des drapeaux de jais suant comme
un ogre mâchant des porcs pour y voir plus clair dans mon lit de ténèbres ne
sachant jamais si les démiurges du mal se figurent mon visage ou celui du
diable
je me suis vu
ourlant l’ombre à des secrets de famille gagnant ma place pour l’enfer
nucléaire au soir des mondes pliant mes doigts dans un corset rouge de colère
jurant que la vie est un don des lunes mais celles-ci sont des ruines dans la
poche de ma bouche et je ne touche que tes plaies sur les miennes
je me suis vu
embrasant mes mains sous la nuit qui dérive en des flots de folie minotaures et
naïades se disputant mon lait les prêtres du grand temple prient pour moi dans
le chagrin de leurs peurs
je me suis vu
hurlant priant tuant sans regret la fête qui se joue en ma tête je ne suis qu’un
faussaire rien n’est vrai non les clowns de la foire ne sont que des fougères
sous mes ongles
je me suis vu
mendiant un peu d’amour dans les rues ivres de mes crépuscules orphelin
succombant aux œuvres d’un art malheureux je suis seul dans un monde qui
n’existe pas je n’ai pour seule compagne que la tombe de mes rêves
je me suis vu
tranchant la main du voleur et le dramaturge de ta vie m’envie d’avoir bousculé
les marbres bleus du songe ô père tout n’est que mensonge veulerie tu es
l’étincelle dans les yeux crevés de ma mère je creuse mon bunker dans la paille
de vos chants la révolution des pauvres est un mouchoir de kérosène
je me suis vu
marchant sous l’orfraie désuète du boudoir de mon frère tu respires le soufre de
la mélancolie une corde pend à ton cou déjà noirci alors dans le clair-obscur de
nos chemins je sens venir notre sœur portant les enfants du désordre mais que
de lumière en eux et nous si éteints si pauvres nous si humbles sur ces flots
je me suis vu
rompant le pain absent des gisants que le messie emmène avec lui dans la
carrière de lave bavant comme un chien sur un astre défunt rongeant l’os d’une
eau croupie
je me suis vu
lisant l’évangile de l’homme seul à des adonis de craie l’aube jamais ne se lève
nuit toujours la nuit et le rythme du rock’n’roll qui enflamme les corps étreints
par la foudre sèche nuit à jamais la nuit pour les petits bataillons de la peine
je me suis vu
brisant le cou des marchands vidant le temple des croix nègres et dans ma
solitude j’ai des liqueurs en mon poitrail des manoirs où vivent et se cachent
les mutins de la grande guerre gueules cassées vitres chassées ombres classées
par des ventres plus gros que l’aine hollywoodienne
je me suis vu
m’abreuvant aux lunes à sang froid cercueil de vipères la terre est pleine de
vies oubliées ma haine s’est égarée sur le sentier de la misère à jamais à tout
jamais j’écris là mon testament
je me suis vu
écorchant ton ombre et mon ombre dans la divination des rigueurs de l’oméga
mes étendards sont des yeux sous le marbre des tombes un soir je me suis frotté
aux fantômes de ma jeunesse et je n’ai cueilli que la vieillesse de mes
souvenirs ô maman qu’as-tu fait de mes derniers soldats
je me suis vu
pleurant sous la pluie poète schizoïde décrivant la mort à des chérubins et des
gargouilles l’école des églises peur encore la peur j’ignore tout des lois de dieu
seul le diable connaît la clef de mon âme un portail de poitrine fermé sur
l’horizon déchiré par les guerres et les romances
je me suis vu
chassant la bête qui meurt en moi cette bête qui me fait vivre en mon minuit
d’ébène monstre innommable mes larmes sont du sang sur une chemise claire
et mon cœur est un rêve absurde
je me suis vu
puisant la lumière en des diables de cirque éclairant mon corps aux chandelles
de l’ivraie à toi qui ne sait rien de mes crocs enherbés j’offre mon souffle de
tendresse malgré l’agonie des aubes malgré la mauvaise nuit qui n’en finira
jamais
je me suis vu
découpant une mélusine au scalpel lui volant ses écailles j’aimais tant le goût
des dentelles à mon front affres d’un crépuscule ridicule une mort sans
importance
je me suis vu
rampant au seuil des mages et rivage en deuil mon image dans l’obscurité du
désir refusé tronquée par la langue d’une revue ouvrière manutention des
sentiments j’ai si peur de la soie océane si peur des heures noires de cette vie à
terme
je me suis vu
chantant à tes côtés vieille âme usagée vieux prince des ombres blanches
léchant le ventre du rat homme seul et la femme qui n’existe plus seule la
mère souffle encore sa voix sur les ruines de mon existence
je me suis vu
jouant un scherzo pour un monstre d’ivoire et le chagrin de la nuit qui hante
mon être décousu par les coups et ces entorses du destin jurant dans le hall de
ma gorge une seule vie une seule mort le christ sommeille sous l’olivier il y
rêve à des îles perdues
je me suis vu
crachant sur les rideaux de la loi honteux fou amoureux d’une ombre comptant
les yeux de dieu coulant comme l’eau sur moi j’arrache les plaies de mon frère
pour les cacher dans un keepsake de fortune et la lune dans sa boîte jongle avec
les étoiles
je me suis vu
bénissant la nymphe qui meurt d’overdose et le sorcier qui se fissure comme
moi naguère quand les rêves étaient de miel abjurant l’amour pour le fiel
prétendant aux enfers l’ange de la désolation embrasse mon genou fendu
je me suis vu
pourrissant au purgatoire filleul des enfers traînant mon cadavre dans les
limbes un singe lynchant mon linge la rage seulement la rage celle de n’être
rien qu’un spectre en un monde disparu sous mes pas la soleil manque à ma
solitude
je me suis vu
éclatant telle une bombe en terre sainte peignant mon crâne pour le dernier
jésus riant de tristesse aux confins de la nuit je m’attarde dans le salon du
thaumaturge comment connaître le secret du tunnel qui mène à la toute fin
je me suis vu
et je savais que quarante étés seraient suffisants clowns et molochs se partagent
mon âme
je me suis vu
faisant l’amour à une morte dans des draps de pierre une musique de soufre à
mes oreilles un livre de prières en son vagin déchiré et les loups qui sacrifient
l’utérus uranien pour quelques billets verts et un verre de gin
je me suis vu
croupissant dans l’eau d’un fleuve transsexuel admirant les juges et jusants
d’un océan de gisants moi seul avec l’enfer et dans mes bras le djinn qui me
voulait époux de l’apocalypse mais que de rires puisque bientôt tout sera fini
je me suis vu
chanteur en pleurs dans l’armoire yiddish et mes contes andalous ne sont plus
qu’évanescence la terre sous mes ongles mes dents noires
je me suis vu
mille et une aubes plus tard dans une raison gardée j’aime le son de ta voix mais
tu n’es qu’un fantôme dans les enfers qui m’enclosent le néant respire fort mes
haillons sont des bataillons d’étendards qui s’enfuient pour la poussière
je me suis vu
poussière d’étoiles rampant parmi les cadavres exhalant un parfum de lune sur
chacune de vos lagunes en colère l’ère des seigneurs yankees est une lutte pour
le nid ni vous ni moi ne pouvons altérer le chantier de la réalité corbeau
psychotique dans les branches de ma mémoire blanche
je me suis vu
un piano sous les doigts flirtant avec la vie mais n’oubliant jamais que la mort
est ma maison que la chair n’est qu’une prison d’où je ne sortirai jamais les
saisons de la nuit se font femelles en chaleur mon essence est une ruelle pour
chats de gouttière
je me suis vu
à genoux devant une armée de prophètes cirant leurs sandales de cuir couvrant
mon visage d’un noir absolu louant dieu tremblant comme la feuille du chêne à
l’orée de la hache
je me suis vu
du cuivre sur mes paupières de givre vagabondant ivre de drogues dans la nuit
famélique jouant une petite musique sur mon harmonica et la peine se mêlant à
la violence du mourir je ne devrai plus rien à la personne
je me suis vu
convoquant frère et sœur à la porte des enfers ma raison n’est plus qu’un lourd
souvenir ils me parlent de rédemption de guérison je glisse mon notebook noir
sous le pas des nuages tous mes poèmes s’y trouvent debout et fiers puis ils
s’en retournent dans l’arrière-monde sur le dos d’une licorne de sable
je me suis vu
hilare face à toi ma mère ne sachant où promener mon regard hagard sur ta
chair fin voile sur tes os et toi père avec tes chevaux de cendre une cigarette à
l’âme je te le dis mon temps sur cette terre est un lointain périple
je me suis vu
courant dans les allées du musée imaginaire grignotant le crâne d’un gringo ma
plume est un cahier de brique j’écris les derniers mots de mon saut en ce
monde tout m’est dérisoire je roule sur une route qui mène aux flammes de
mon esprit déconstruit
je me suis vu
grelotant de peur au soir de ma vie mon crépuscule lourd de taureaux morts les
oliviers ne poussent plus qu’au nord de l’occident les racines dans la neige
je me suis vu
errant dans l’antre d’une chrysalide agonisante filtrant l’eau du volcan pour
mieux défaire mon être de cet hêtre trop vieux pour mes poignets cherchant
l’or dans les gemmes d’un thrène à l’ennui livide
je me suis vu
conquistador d’un eldorado de poussière prêt pour le dernier éclair de ténèbres
luttant contre une chute lorgnant un endroit paisible où reposer en morceaux de
carillon rouge
je me suis vu
à la tête de cent minotaures s’accouplant dans les bosquets de l’oubli et moi
toujours cowboy d’un paradis perdu je me joue des écueils du temple sans
savoir que je serai la dernier à la table de thanatos le dernier à goûter au gâteau
de diamant
je me suis vu
desservant la table du manoir où dorment moïse et judas côte à côte face à la
faux grignotant les restes d’un pain béni par le fils de dieu et avalant le terreau
d’un ciel troué de part en part
je me suis vu
fils de l’homme roi des chrétiens poète maudit couchant sur la paille en
attendant les centaures du cinquième cercle habituant mon corps au froid des
enfers et contant mes frasques au baptiste qui fit de moi une feuille dorée sur
les lèvres de la grande mort nul ne sait où poser ses valises de verre mais dans
un élan de jeunesse perdue je retrouve le chemin de la géhenne
je me suis vu
portant cilice et bure me dévorant me décomposant à l’abri des regards priant
pour le péché adamique un peu de chair un peu de sel avant la fin du destin
mon crâne machine à suicide mes tempes cognent encore et encore aux portes
de l’usine morte
je me suis vu
récitant les illuminations le hurlement et le tournesol qui cousent et décousent
mon éventail de maladies mentales rien en vue simplement un gadget de mort
un ersatz d’hallucinations saturniennes mélancoliques rendez-vous avec la
relève des gardes dans la nuit épaisse
je me suis vu
allant et venant autour des vautours d’olympe moi qui ne grimpe qu’aux
ventres des singes folies solitudes meurtres viols je me cache dans un sexe
fleuri de mille tombes
je me suis vu
poussant mon frère dans les revers du soir lui volant sa six-cordes et grognant
face aux hordes de chien jappant pour quelque amour incertain pour quelque
leçon de vie humaine
je me suis vu
loup lion centurion quémandant la missive d’un prêtre sans vulgate ni robe de
dressage magie des fiertés cristallines l’émeraude au front du vent et l’idiotie
de mes lettres dans la pénombre du boudoir hanté par cent faiseurs de feu
je me suis vu
léchant la sève de tes rêves les miens sont dans un petit coffre à jouets dont la
clef nage dans un ciel sans astres désastre de la misère chez un homme à demi
couché
je me suis vu
endormi dans la geôle d’un templier ma cage est celle d’un sage à la barbe
corrompue bataille après bataille vous rasez le crâne des femmes adultères et
des gendres émasculés je ne peux me convaincre de sceller ainsi ma vie
je me suis vu
à l’aube de la mort hurlant aux vents d’occidents ne me laissant qu’une chance
de trépas tardif dans la nuit après les journaux de minuit saignant comme une
bête égorgée par l’existence suppliant le christ mendiant un peu de temps et
puis résolu à ne faire qu’un avec mon destin embrassant les lèvres de thanatos
je me suis vu
jurant au diable que je ne saurai être bon avec les drôles de songes voyages et
mensonges les drames des dames de velours tu ne peux plus faire attention à
moi mère toi que je sens près des parcs à bitume des monts de muguet et
toujours cette maladie qui n’en finit pas de tous nous ronger
je me suis vu
artilleur américain geignant pour la dernière fois mon souffle de vie et je ne
survis que grâce aux miens dans la honte d’une chair trop lourde d’un esprit
trop las pour les nues
je me suis vu
touchant l’esprit sain du doigt et puis rampant jusqu’à flots d’encre où gît mon
testament l’enfant est mort il est enterré dans le petit carré de jardins des roses
sur la tête des vers dans le corps
je me suis vu
à sept ans distillant l’ombre blanche de ma nuit à des ambulance sans nom
jonchant le sol d’un soleil poussif et oisif ma mère est une fleur qui jamais ne
parle d’automne ni d’hiver elle se contente de ses printemps et étés où elle est
l’infante éternelle éternel prince des gisants je m’en vais sur ton cheval cavalier
dans les ténèbres ces ourlets de paupières où crient et pleurent des millions de
spectres ô les spectres nus de mon enfance
je me suis vu
résultat d’une expérience ratée poète frustré dans les rues sur les trottoirs aux
angles des banques quêtant les amours divines noirceur de mes mains mes
bagues d’or se hissant sur les rebords des fenêtres sataniques que quatre christs
ont banni de l’air blond afin d’y loger leurs passions leurs crucifix et leurs
sciences
je me suis vu
affamé ivre drogué assoiffé criant dans la nuit d’un siècle qui n’est pas le mien
un monde grotesque où les verres de coca-cola sont des reines burlesques où
les verres de whisky ont le parfum des fjords vierges je suis là infusé dans le
cimetière comme un vieux à l’abandon remuant ma tête au bout d’un lit de
géhenne me voici donc qui entre en une mort annoncée
je me suis vu
vomissant la corde à mon cou mon livre de chevet mon soupir d’opéra
vomissant la bile noire qui me sert de désespoir un vieux blues rimbaldien
me rappelant que je ne suis jamais loin du rivage des orients disparus là je
pourrai devenir un cadavre exquis
je me suis vu
un crime sur la nuque des algues sur les vagues me frottant aux hiérarchies des
deuils ceux qui sont aux cieux jamais ne descendent un ours vide fouille en moi
comme une nonne fouille en son rosaire je suis ici-bas pour communier avec
les christs en berne beauté usée des usines à répulsions
je me suis vu
brûlure de cigarettes jetant mes nerfs aux démons avec la rage d’un oiseau
vitriolé j’habite à l’intérieur des cimes d’où l’on aperçoit l’enfer des hymnes
humains je ne suis qu’un damné parmi les vipères de l’écran carmin
je me suis vu
vociférant dans la nuit corps mutant cœur mutin lutin encore empli de vie et
pourtant lâchant mes viscères dans les rigueurs âpres du temps trois accords
plus tard les raisons sont en flammes
je me suis vu
dernier homme sur terre ou bien en enfer peu importe je porte la croix de ma
folie dans ma conscience dévastée brume fumée noyade je viens trempant mon
nom dans la boue de la mort rieuse ne sachant pas où trouver la miséricorde du
sel sur le ciel
je me suis vu
couché à même le sol écoutant la musique de mes rêves évanouis pleurant
comme un enfant sans mère au plus profond de la nuit la peur au ventre peur
de ne jamais revenir peur de ne jamais vous revoir peur de partir pour la mort
et le ciel de dieu est un vieux placard vide je gratte ma peau j’arrache mes
ongles le rythme de mon cœur de fait lourd comment vous dire adieu
je me suis vu
couché dans un cercueil des larmes au coin des yeux.
Je me suis vu
Editions MLD, 22000 Saint-Brieuc, 2010