Michel-Ange / Michelangelo Buonarotti (1475 - 1564) : « Quelle mordante lime… » / « Per qual mordace lima… »
Quelle mordante lime
Amenuise toujours ta carcasse épuisée,
Mon âme infirme ? Quand la pourras-tu quitter,
Ce voile périlleux et mortel déposé,
Pour retourner au ciel où tu fus tout d’abord,
Radieuse et heureuse ?
Bien que je change de pelage
En ces brèves années dernières,
Je ne puis rien changer à mes vieilles manières,
De jour en jour plus contraignantes, plus pressantes.
Amour, je ne te cache pas
Que je porte envie aux défunts,
Plein de confusion et d’effroi
Car mon âme, pour elle-même, tremble et craint.
Tends-moi, seigneur, à l’heure ultime,
Tes bras miséricordieux :
Qu’à moi-même arraché, je complaise à tes yeux.
Traduit de l’italien par Pierre Leyris
In « Anthologie bilingue de la poésie italienne »
Editions Gallimard (La Pléiade), 1994
Du même auteur :
« A travailler tordu… » « I’ ho già fatto un gozzo… » (14/01/2016)
« Avec ce coeur de soufre… » / « Al cor di zolfo… » (14/01/2017)
« Tout ce qui naît ... » / « Chiunche nasce... » (14/01/2018)
Per qual mordace lima
Discresce e manca ognor tuo stanca spoglia,
Anima inferma? or quando fie ti scioglia
Da quella il tempo, e torni ov’eri, in cielo,
Candida e lieta prima,
Deposto il periglioso e mortal velo?
C’ancor ch’i’ cangi ’l pelo
Per gli ultim’anni e corti,
Cangiar non posso il vecchio mie antico uso,
Che con più giorni più mi sforza e preme.
Amore, a te nol celo,
Ch’i’ porto invidia a’ morti,
Sbigottito e confuso,
Sì di sé meco l’alma trema e teme.
Signor, nell’ore streme,
Stendi ver’ me le tuo pietose braccia,
Poème précédent en italien :
Giacomo Leopardi: L’Infini / L’Infinito (20/12/2017)
Poème suivant en italien :
Salvatore Quasimodo : J'entends encore la mer / S’ode ancora il mare (15/04/2018)