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Le bar à poèmes
7 août 2016

Danielle Collobert (1940 – 1978) : Survie

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Survie

 

Je partant voix sans réponse articuler parfois les mots

que silence réponse à autre oreille jamais

si à muet le monde pas de bruit

fonce dans le bleu cosmos

plus question que voyage vertical

je partant glissure à l’horizon

tout pareil tout mortel à partir du je

à toutes jambes fuyant l’horizon

enfin n’entendre que musique dans les cris

assez assez

exit

entrer né sur débris à peine reconnu le terrain

émergé de vase salée le fœtus sorti d’égout

plexus solaire rongé angoisse diffusant poumons souffle haletant

............................................................................................................

serré le cou par la corde réveil

tremblement réveil

brûlé consumé bonze

crève corps

hors des mains caresses

loin des lèvres bu

souvenir du corps

laissant aller présent l’instant survie

sans savoir sur quoi ouvrir l’énergie à l’imaginaire répondu

balbutiements à peine aux déchirures

les cris du bord des plaies non suffit

plongé noir dans le bain de sang

à travailler ses veines pour mots

je parole s’ouvrir bouche ouverte dire je vis à qui

balancé au chaos sans armure

survivra ou non résistance aux coups la durée longue de vie

je parti l’exploration du gouffre

tâtonnant contre jour

déjà menottes aux mains les stigmates aux poignets

aux pieds les fers les chaînes

la distance d’un pas l’unité de mesure

je raclant mon sol avec ça     

traîne le bruit dans l’espace

en premier sur la bande son du prométhée

le vautour dans la gorge

à coups au sang rabattu sans fin vers le silence

au milieu du front le plat désert futur

derrière caché peut-être le corps à s’agglomérer

.......................................................................................

petite cellule vivante à tête chercheuse

allant voulant désespérément coller son suc quelque part

la bonté aux muqueuses l’attente aux orifices

la fête muette première de vie

engloutie sous la lave coulée collante parole mur entre lequel

rien à faire pour sortir les sons au-delà juste la mort

tirer des nerfs pour remonter le son les lèvres plus haut

l’os crâne retenti

étranglement suraigu tenir au-delà juste la mort

ou non sourire du sourire à vide dans reflets à noir visage éteint

à peine lumière de vue lointaine

parti pour les sept jours d’enfer circulaire

création supplices et repos inclus

sommeil de pleine terre et rêves inclus

.......................................................................

dont le soleil parfois musique sur grand ciel d’ouvert

à plat dos l’écarté

l’écartelé probable à plaisir tirant sur la lancée du supportable

de ce côté-là d’assez profond l’écrit sur corps

je gravant  du sablonneux l’instant effacé

pousser la fièvre aux lèvres résonnantes le gong

ou rhombe bourdonnant fuyant la tête

ou tambour de survie

ou sec désert de poussière bombes

et toujours léchant les flammes le corps de peur

je d’insecte vivant cloué au mur

cherchant vivant à souffrance plus

se la rêvant même nocturne

en vue du définitif

................................................................................

je temps de quoi

l’étalement

vague roulée à regard

inlassablement du je liquide repéré rouge

fragments imperceptibles à petit œil du temps vision nulle

sur l’espace jamais plus d’un grand champ

le reste ouvert au vogueur les visions célestes

sucer des phrases nourriture sans dents

je broyeur sons syllabes magma secousses telluriques

ou gagné par le raz de marée perdu pied dans sous-sol syntaxe

jours de passion

lumière des veines qui vient

en surface l’articulation

je dit argent énergie le cri ou comme brûle jamais dit

 

 

Orange Export Ltd., 92240 Malakoff, 1978

 

De la même autrice :

Dire II (1) (11/01/2020)

Dire II (2) (11/01/2021)

Dire II (3) (11/01/2022)

Dire II (4) (11/01/2023)

Dire II (5) (11/01/2024)

 

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