Rouben Melik (1921 – 2007) : Elégie 5
Elégie 5
Quel espace entre nous se défait de l’espa
ce et n’est plus qu’aboli par la mort inter
dite ? A quel amour vas-tu sans songer que ne pa
sse, où la blessure était, que ce corps à l’indi
fférence de son bras sur l’espace d’un sein ?
La dernière peinture et le dernier regard
Ce ne fut que la ville entre nous, ce dessin
Plus tard que nous laisse pour changer le hasard
Lentement résolu dans ce corps et la cour
be où jamais ne viendra la courbe se rejoin
dre à l’abandon d’un bras. Alentour le lent tour
ment étrange du soir m’entourait de toi loin
taine et présente morte et la sûre apparen
ce absolument me double et de toi me défait
Dans l’espace entre nous qui nous est différen
ce en la mort assemblante en toi qu’amour ne fait
Qu’obéissance. A quel espace passais-tu
Qui m’entourait de toi dans la ville d’octo
bre où nous aurons sans passé l’aventu
re au futur inventé dans un jeu de loto
Sans chiffres sur la carte où pour tenter le sort
Nous aurions regardé l’aiguille d’un cadran
Dans l’espace tourner les heures de la mort
Arrivée entre nous. Ce ne sera d’arran
gement ma morte au temps passé laissée absol
ument seule que toi qui fus, qui m’entourais
de moi sans toi pour l’autre éclatement du sol
eil à l’autre saison d’été où tu mourais.
Revue « Vagabondages, N°34, Novembre 1981
Association Paris-poète
Librairie Séguier,1981
Du même auteur :
Le Veilleur de pierre (16/11/2017)
Ne venez pas mourir (12/09/2024)