Georges Henein (1913 – 1974) : « Chambre rebelle à toute demeure… »
Chambre rebelle à toute demeure…
quoi de plus lourd au profil de l’absente que
cette écharpe délaissée par le vent…
quoi de plus fidèle à son image que cette
empreinte solaire là où pour la dernière
fois se posa son pied lointain…
cette chambre douce comme une haleine à la
recherche d’une joue, découvre soudain
- à la proue de toute existence valable –
les lois étranges de l’immobilité…
cette chambre où il ne manque qu’une femme,
- mais non ses gestes établis parmi les
meubles en fine poussière de réveil…
où il ne manque qu’un amour, - mais non ses
projets incroyables qui se heurtent libre-
ment à tous les murs…
où il ne manque que la volupté de l’hésitation,
qu’une simple marge de faiblesse pour
mesurer la vie d’égale à égal, brouillard
en tête…
cette chambre appartient au monde des
silences que l’on ne rompt qu’une fois…
Le signe le plus obscur.Poèmes
Editions Puyraimond, Paris, Genève, 1977
Du même auteur : Le grand schisme » (11/11/2016)