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Le bar à poèmes
8 mai 2025

Pierre de Ronsard (1524 – 1585) : « Versons ces roses... »

 

 

 

Versons ces roses près ce vin,


De ce vin versons ces roses,


Et buvons l'un à l'autre, afin


Qu'au coeur nos tristesses encloses


Prennent en buvant quelque fin.

 

 

La belle Rose du Printemps,


Aubert, admoneste les hommes


Passer joyeusement le temps,


Et pendant que jeunes nous sommes,


Ebattre la fleur de nos ans.

 

 

Tout ainsi qu'elle défleurit


Fanée en une matinée,


Ainsi nôtre âge se flétrit,


Las ! et en moins d'une journée


Le printemps d'un homme périt.

 

 

Ne vois-tu pas hier Brinon


Parlant, et faisant bonne chair,


Qui las ! aujourd'hui n'est sinon


Qu'un peu de poudre en une bière,


Qui de lui n'a rien que le nom ?

 

 

Nul ne dérobe son trépas,


Caron serre tout en sa nasse,


Rois et pauvres tombent là bas :


Mais cependant le temps se passe


Rose, et je ne te chante pas.

 

 

La Rose est l'honneur d'un pourpris,


La Rose est des fleurs la plus belle,


Et dessus toutes a le pris :


C'est pour cela que je l'appelle


La violette de Cypris.

 

 

La Rose est le bouquet d'Amour,


La Rose est le jeu des Charites,


La Rose blanchit tout autour


Au matin de perles petites


Qu'elle emprunte du point du jour.

 

 

La Rose est le parfum des Dieux,


La Rose est l'honneur des pucelles,


Qui leur sein beaucoup aiment mieux


Enrichir de Roses nouvelles,


Que d'un or, tant soit précieux.

 

 

Est-il rien sans elle de beau ?


La Rose embellit toutes choses,


Venus de Roses a la peau,


Et l'Aurore a les doigts de Roses,


Et le front le Soleil nouveau.

 

 

Les Nymphes de Rose ont le sein,


Les coudes, les flancs et les hanches :


Hébé de Roses a la main,


Et les Charites, tant soient blanches,


Ont le front de Roses tout plein.

 

 

Que le mien en soit couronné,


Ce m'est un Laurier de victoire :


Sus, appelons le deux-fois-né,


Le bon père, et le faisons boire


De ces Roses environné.

 

 

Bacchus épris de la beauté


Des Roses aux feuilles vermeilles,


Sans elles n'a jamais été,


Quand en chemise sous les treilles


Il boit au plus chaud de l'été.

 

 


Le quatrième Livre des Odes. Ode XXXVIII

Du même auteur :


« Mignonne, allons voir si la rose… » (20/05/2014)


« Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose… » (20/05/2015)


Madrigal (20/05/2016)


« Quand vous serez bien vieille… » (20/05/2017)


« Maîtresse, embrasse-moi… » (20/05/2018)


A un bel aubépin (09/05/2019)


« Ô Fontaine Bellerie... » (09/05/2020)


Les derniers vers (09/05/2021)


« Sur tout parfum j’aime la Rose... » (09/052022)


« Je plante en ta faveur... » (09/05/2023)


« Comme un chevreuil... (09/05/2024)
 

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