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Le bar à poèmes
7 avril 2025

Olivier Larronde (1927 – 1965) : « Dans ces linges, ô mer... »

 

 

 

Pour Jean-Pierre.

I

 

Dans ces linges, ô mer, nous nous désenlaçâmes


Ces linges orageux où préparent un lit


Les derniers courants d’air. A l’heure où se déplient


De sombres paravents, au travers de mes larmes,


Saurai-je reconnaître aux cendres les contours


D’un ciel d’après-dîner. Votre sel sur ma peau


L’impénétrable écorce !

 

 

                                        Ainsi qu’aux froides tours,


Qu’un bel œil détourné perdrait toutes ses flèches, 


Mer ! contre votre amant en nage sur ces linges


Rêches, dans le temps où vous rentrez vos troupeaux.

 

 


II

 


Riche nuit ! Si je suis hélas d’une autre étoffe,


La trame n’en est pas de vos oiseaux de mer


Mais de leurs froides proies ourdie.

 

 

                                                     Sur ces terrasses


Où vous êtes à l’aise, ô nuit dans vos bains d’huiles,


Irai-je, à chaque pas brisant des pots de fard,

 

Défaire le jeu des ultimes barricades


Si je n’y suis cloué par de splendides races :

 

 

La nuit sur son plateau verse un quartier d’étoile :


N’est, d’un pleur si brûlant, que le gardien de phare,


Ce sourcilleux donjon, mer, votre amant en nage.

 

 

 


Les barricades mystérieuses


Marc Barbezat éditeur, 60150 Décines, 1946
 

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