Claude de Malleville (1597 – 1647) : La belle matineuse
La belle matineuse
Le silence régnait sur la terre et sur l'onde ;
L'air devenait serein et l'Olympe vermeil :
Et l'amoureux Zéphyre, affranchi du sommeil
Ressucitait les fleurs d'une haleine féconde.
L'Aurore déployait l'or de sa tresse blonde
Et semait de rubis le chemin du Soleil.
Enfin ce dieu venait au plus grand appareil
Qu'il soit jamais venu pour éclairer le monde ;
Quand la jeune Philis au visage riant
Sortant de son palais plus clair que l'Orient,
Fit voir une lumière et plus vive et plus belle.
Sacré flambeau du jour n'en soyez point jaloux ;
Vous parûtes alors aussi peu devant elle,
Que les feux de la nuit avaient fait devant vous.
(1635)
Poésies
Augustin Courbé, Imprimeur-Libraire, 1649