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Le bar à poèmes
5 août 2024

Luis Mizón (1942 - 2022) : Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (III,9 - 13)

Photo de Michel Lunardelli

 

Le songe du figuier en flammes 

III 

9

Une spirale de semences

vole d’île en île.

La mer peint en bleu mon visage.

Un grand miroir retentit

de mots blessés

et de lumière à l’abandon.

 

Sur la terrasse et dans la brume.

Sut la table,

la pendule et la mouche.

Dans les pleurs sans chagrin des ports

et dans leur tempête de larmes.

Je reconnais mes traces :

 

Mon chardon sec et à jamais en fleur.

 

10

La vague a modelé mes clavicules

de fer.

Mes mains sont des îlots

de carton-pâte

et mes yeux

des nids d’oiseaux,

des plages que la vague couvre

d’un lait lumineux

et de pierres multicolores.

 

11

Le réel

dessine

des voies excentriques.

 

Le retour exige des caresses.

De blanches voiles gonflées de vent.

L’étoile double du cœur

Et sa racine tranchée.

 

Une calligraphie violente et fine

de mains tisseuses

et de mouettes.

 

12

L’urine solaire décrit sa courbe

sur le bateau, la maison, le naufrage.

 

Méridien jaune

sur la coquille d’une planète desséchée.

 

13

L’histoire c’est l’hésitation de l’âme.

Une écriture involontaire.

Des pas peignant leurs traces

jusqu’à friser l’abîme

et parfois, le geste et le dessin

d’un ange

qui saute, bras ouverts,

et tombe dans un puits de haute mer.

 

Jambes et bras de caoutchouc,

ailes de carton

et une frimousse noire qui flotte

sur la crête écumeuse de la vague.

 

Et peut-être à peine cela, et pourtant.

 

Semblable au bateau qui touche le fond

sous un ciel en forme de pupille.

 

Je suis un athlète de la grande amnésie

et allongé pour finir sur la plage

je croise bras et jambes

et me repose en pleine lumière.

 

Je suis cela et rien de plus :

du chèvrefeuille.

Des mots qui brillent.

 

Une fleur envahisseuse

sur les humbles murs des hauteurs.

 

 

Traduit de l’espagnol par Claude Couffon

In, Luis Mizon : « Le songe du figuier en flammes  / El sueño de la higuera en llamas »

Editions Folle Avoine, 35137 Bédée, 1999

Du même auteur :

 Prisons / Prisiones (05/08/2014)

L’arbre / El árbol (05/08/2015)

Terre prochaine / Tierra próxima (05/08/2016)

 Vent du Sud / Viento Sur (05/08/2017)

Retour / Retorno (05/08/2018)

Fantôme / Fantasmas (05/08/2020)

La mer des Sargasses (extraits) (05/08/2021)

Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (I) (05/08/2022)

Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (II) (05/08/2023)

Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (III, 1-8) (05/08/2024)

 

 

El sueño de la higuera en llamas

III

9

Una espiral de semilla

vuela de isla en isla.

El mar me pinta la cara con azul.

Un gran espejo resuena

de palabras heridas

y luz abandonada.

 

En la terraza y la neblina.

En la mesa,

el reloj y la mosca.

En el llano sin pena de los puertos

y en su tempestad de lágrimas.

Reconozco mis huellas :

 

Mi cardo seco y para siempre en flor.

 

10

La ola modeló mis clavículas

de hierro.

Mis manos son islotes

de cartón piedra

y mis ojos,

nidos de pájaros,

playas que la ola cubre

de leche luminosa

y piedras multicolores.

 

11

Lo real

Dibuja

caminos excéntricos.

 

El regreso exige caricias.

Blancas velas infladas.

La estrella doble del corazón

y sur raíz cortada.

 

Una caligrafía violenta y fina

de manos tejedoras

y gaviotas.

 

12

La orina solar describe su curba

sobre el barco, la casa y el naufragio. 

 

Meridiano amarillo

en la concha de un planeta reseco.

 

13

La historia es vacilación del alma.

Escritura involuntaria.

Pasos pintados

hasta llegar al borde del abismo

y a veces, gesto y dibujo

de un ángel

que salta con los brazos abiertos

y cae en un pozo de altamar.

 

Piernas y brazos de goma,

alas de cartón

y una cabecita negra que flota

en la cresta espumosa de la ola.

 

Y quizás ni siquiera tanto, pero.

 

Semejante al barco que toca fondo

bajo un cielo con forma de pupila.

 

Soy un atleta de la gran amnesia

y al fin recostado en la playa

cruzo mis brazos y mis piernas

y descanso en luz.

 

Soy eso y nada más :

Madreselva.

Palabras que brillan.

 

 Una flor invasora

en los muros humildes de los cerros.

 

Poème précédent en espagnol :

Luis Mizón : Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (III, 1-8) (05/08/2024)

Poème suivant en espagnol :

Francisco de Quevedo y Villegas: « Du dernier jour déjà le glas résonne... » / « Ya formidable y espantoso suena...  (19/09/2024)

 

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