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Le bar à poèmes
5 août 2024

Luis Mizón (1942 - 2022) : Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (III,1- 8)

 

Le songe du figuier en flammes

III

1

Quel secret nous conte

la blancheur du mur

et hors de portée

dans le dernier dédain des coins de rues,

la ville ouverte et la mer inattendue ?

 

L’eau des terres irriguées

engendre des orages minuscules.

 

Un cheval barbu se cabre

sur deux pattes de poussière et d’ombre verte.

 

Yeux de faïence,

crins bleus,

flammes hérissées qui ne brûlent.

 

Un conte taché par l’oubli.

Un paysage titubant.

Un grenier de rumeurs.

 

2

Les traces que laissent les hommes

ne sont pas que paroles

mais aussi espaces qui parlent.

 

3

Les feuilles de l’eucalyptus

à peine calmées

te content à l’oreille

un rêve moribond

qui renaît dans sa tristesse fertile.

 

Traces murmurant solitaires.

 

4

Ecoute comment vit

protégé par des pierres

le conte malmené du Sud.

 

Le plongeur dont la pieuvre

brille de salive

caresse corail et écaille

et même le nombril de la statue

dans son lit d’algues.

 

Regarde comment il l’embrasse

avec ses lèvres de caoutchouc !

 

Le tissu d’une voix étrangère

amarre notre regard

 

5

L’écho de la voix étrangère

trace les plans

d’une ville inconnue.

 

Il n’est trahison ni doute qui nous préservent

de l’amour pur

et de son bouquet de fleurs parasites.

 

6

Je meurs et ressuscite chaque jour.

Je me lève et me couche

parmi des grues

couvertes de blancs coquillages.

 

Et je raye l’aube avec un clou.

Et j’inscris mon nom

sur sa cuirasse.

 

7

Ville inattendue.

Grenier de rumeurs.

Les chiens annoncent-ils des tremblements de terre

ou des retours ?

L’ange des hauteurs

caresse la sueur de sa femme

ou de sa fille.

 

Le coup de canon de midi

fait bâiller un boulanger.

 

8

Nos corps son opaques.

Sculptés à coups d’absence.

Dessinés par le nopal et par la broussaille.

 

Chenille malicieuse,

escargot écrivant avec sa bave,

papillon doré,

aveugle et analphabète.

 

Les chambres

mêlent

des souvenirs d’émigrants

dans les ports d’ambre.

.......................................................

 

Traduit de l’espagnol par Claude Couffon

In, Luis Mizon : « Le songe du figuier en flammes  / El sueño de la higuera en llamas »

Editions Folle Avoine, 35137 Bédée, 1999

Du même auteur :

 Prisons / Prisiones (05/08/2014)

L’arbre / El árbol (05/08/2015)

Terre prochaine / Tierra próxima (05/08/2016)

 Vent du Sud / Viento Sur (05/08/2017)

Retour / Retorno (05/08/2018)

Fantôme / Fantasmas (05/08/2020)

La mer des Sargasses (extraits) (05/08/2021)

Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (I) (05/08/2022)

Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (II) (05/08/2023)

 

 

El sueño de la higuera en llamas

III

1

¿ Que secreto nos cuenta

la blancura del muro,

y a trasmano

en el último desdén de las esquinas

la ciudad abierta y el mar inesperado?

 

El agua de los regadíos

origina minúsculas tormentas.

 

Un caballo barbudo se levanta

en dos patas de polvo y sombra verde.

 

Ojos de loza,

crines azules,

crespas llamas que no queman.Un cuento manchado por el olvido.

 

Un paisaje titubeante.

Un desván de rumores.

 

2

Las huellas que dejan los hombres

son espacios que hablan

y no sólo palabras.

 

3

Las hojas del eucalipto

apenas aplacadas

te cuentan al oído

un sueño moribundo

que renace en su fértil tristeza.

 Huellas que murmuran solas.

 

4

Escucha como vive

protegido con piedras

el cuento maltratado del Sur.

 

El buzo con su pulpo

brillante de saliva

acaricia el coral y la escama

y hasta el ombligo de la estatua

en su cama de algas.

 

¡mira como la besa

con sus labios de goma!

 

El tejido de una voz ajena

nos amarra la mirada.

 

5

El eco de la voz ajena

construye los planos

de una ciudad desconocida.

 

No hay traición ni duda que nos valga

contra el amor puro

y su ramo de flores parásitas

 

6

Muero y resucito cada día.

Me levanto y me acuesto

entre grúas

cubiertas de conchitas blancas.

 

Y yo también rayo el alba con un clavo

y le pongo mi nombre

a su coraza.

 

7

Ciudad inesperada.

Desván de rumores.

¿ Los perros anuncian terremotos

o regresos ?

El ángel de los cerros

acaricia el sudor de su mujer

o de su hija.

 

El cañonazo  de las doce

hace bostezar un panadero.

 

8

Nuestros cuerpos son opacos.

Tallados a golpes de ausencia.

Diseñados por la tuna y la maleza.

 

Oruga maliciosa,

caracol escribiente con su baba,

mariposa dorada,

analfabeta y ciega.

 

Las habitaciones

Mezclan

recuerdos de emigrantes

en os puertos de ámbar.

......................................................................

Poème précédent en espagnol :

Antonio Machado (1875 – 1939) : Rives du Douro / Orillas del Duero ((02/07/2024)

Poème suivant en espagnol :

Luis Mizón  : Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (III,9 - 13) (05/08/2024

 

 

 

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