Luis Mizón (1942 - 2022) : Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (III,1- 8)
Le songe du figuier en flammes
III
1
Quel secret nous conte
la blancheur du mur
et hors de portée
dans le dernier dédain des coins de rues,
la ville ouverte et la mer inattendue ?
L’eau des terres irriguées
engendre des orages minuscules.
Un cheval barbu se cabre
sur deux pattes de poussière et d’ombre verte.
Yeux de faïence,
crins bleus,
flammes hérissées qui ne brûlent.
Un conte taché par l’oubli.
Un paysage titubant.
Un grenier de rumeurs.
2
Les traces que laissent les hommes
ne sont pas que paroles
mais aussi espaces qui parlent.
3
Les feuilles de l’eucalyptus
à peine calmées
te content à l’oreille
un rêve moribond
qui renaît dans sa tristesse fertile.
Traces murmurant solitaires.
4
Ecoute comment vit
protégé par des pierres
le conte malmené du Sud.
Le plongeur dont la pieuvre
brille de salive
caresse corail et écaille
et même le nombril de la statue
dans son lit d’algues.
Regarde comment il l’embrasse
avec ses lèvres de caoutchouc !
Le tissu d’une voix étrangère
amarre notre regard
5
L’écho de la voix étrangère
trace les plans
d’une ville inconnue.
Il n’est trahison ni doute qui nous préservent
de l’amour pur
et de son bouquet de fleurs parasites.
6
Je meurs et ressuscite chaque jour.
Je me lève et me couche
parmi des grues
couvertes de blancs coquillages.
Et je raye l’aube avec un clou.
Et j’inscris mon nom
sur sa cuirasse.
7
Ville inattendue.
Grenier de rumeurs.
Les chiens annoncent-ils des tremblements de terre
ou des retours ?
L’ange des hauteurs
caresse la sueur de sa femme
ou de sa fille.
Le coup de canon de midi
fait bâiller un boulanger.
8
Nos corps son opaques.
Sculptés à coups d’absence.
Dessinés par le nopal et par la broussaille.
Chenille malicieuse,
escargot écrivant avec sa bave,
papillon doré,
aveugle et analphabète.
Les chambres
mêlent
des souvenirs d’émigrants
dans les ports d’ambre.
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Traduit de l’espagnol par Claude Couffon
In, Luis Mizon : « Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas »
Editions Folle Avoine, 35137 Bédée, 1999
Du même auteur :
Prisons / Prisiones (05/08/2014)
L’arbre / El árbol (05/08/2015)
Terre prochaine / Tierra próxima (05/08/2016)
Vent du Sud / Viento Sur (05/08/2017)
Retour / Retorno (05/08/2018)
Fantôme / Fantasmas (05/08/2020)
La mer des Sargasses (extraits) (05/08/2021)
Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (I) (05/08/2022)
Le songe du figuier en flammes / El sueño de la higuera en llamas (II) (05/08/2023)
El sueño de la higuera en llamas
III
1
¿ Que secreto nos cuenta
la blancura del muro,
y a trasmano
en el último desdén de las esquinas
la ciudad abierta y el mar inesperado?
El agua de los regadíos
origina minúsculas tormentas.
Un caballo barbudo se levanta
en dos patas de polvo y sombra verde.
Ojos de loza,
crines azules,
crespas llamas que no queman.Un cuento manchado por el olvido.
Un paisaje titubeante.
Un desván de rumores.
2
Las huellas que dejan los hombres
son espacios que hablan
y no sólo palabras.
3
Las hojas del eucalipto
apenas aplacadas
te cuentan al oído
un sueño moribundo
que renace en su fértil tristeza.
Huellas que murmuran solas.
4
Escucha como vive
protegido con piedras
el cuento maltratado del Sur.
El buzo con su pulpo
brillante de saliva
acaricia el coral y la escama
y hasta el ombligo de la estatua
en su cama de algas.
¡mira como la besa
con sus labios de goma!
El tejido de una voz ajena
nos amarra la mirada.
5
El eco de la voz ajena
construye los planos
de una ciudad desconocida.
No hay traición ni duda que nos valga
contra el amor puro
y su ramo de flores parásitas
6
Muero y resucito cada día.
Me levanto y me acuesto
entre grúas
cubiertas de conchitas blancas.
Y yo también rayo el alba con un clavo
y le pongo mi nombre
a su coraza.
7
Ciudad inesperada.
Desván de rumores.
¿ Los perros anuncian terremotos
o regresos ?
El ángel de los cerros
acaricia el sudor de su mujer
o de su hija.
El cañonazo de las doce
hace bostezar un panadero.
8
Nuestros cuerpos son opacos.
Tallados a golpes de ausencia.
Diseñados por la tuna y la maleza.
Oruga maliciosa,
caracol escribiente con su baba,
mariposa dorada,
analfabeta y ciega.
Las habitaciones
Mezclan
recuerdos de emigrantes
en os puertos de ámbar.
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