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Le bar à poèmes
18 juin 2024

Hélène d’Oettingen / Léonard Pieux (1885 – 1950) : Soliloques gaillards. III

Hélène d'Oettingen par Man Ray, vers 1923© Service de presse

 

Soliloques gaillards

 

III

 

J’ai vu le cul de l’amoureux

Battre la mesure

Pouah ! Tralala

Les jambes de la dame

Les deux blanches tours

La glace jasmin jupon cuisses

Tout se fond

Ta plaie patte d’écrevisse

Rougie au feu...

Cuivres archers toute la plèbe !

Sortez vos glaives

Tuez l’éphèbe

Voyez ce drôle tombé à pic

Sur ce ventre élastique et rose

Une tarentule un moustique

Trop tard pour sauver les apparences

O ! ma couronne

C’est tes épines qui me piquent.

 

Jésus : bras dessus, bras dessous

Allons sur la plage voir les baigneuses

Bien que Madeleine fût si amoureuse

Elle avait son gros passé ventru de vérole

Je t’absous ô chaste et passionné !

Regarde danser les folles

Pense de t’enfoncer çà et là

Pour réciproque plaisir

Ma grâce ma lyre !

Tu me rappelles l’immortelle Hélène

Et son corset en satin sous la blanche mousseline

Et la baleine

Elle nage exprès pour elle dans la mer arctique

Dis ! violente désagréable beauté

Où vas-tu que veux-tu faire

Au bord de quelle eau vas-tu creuser les nuages de tes regards fiévreux

Il me semble que je te demande quelque chose

Quelque faveur inattendue

Ou peut-être rien !

C’est la nuit...

L’Afrique

La chaste vendeuse de poil du chameau

Tremble l’eau

Tout jusqu’au bord de la lune

Ma poitrine rougit d’inquiétude

Aumale !

 

                                          Léonard Pieux

 

Revue « Nord – Sud, N°6-7, Août-septembre 1917

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