Hélène d’Oettingen / Léonard Pieux (1885 – 1950) : Soliloques gaillards. III
Hélène d'Oettingen par Man Ray, vers 1923© Service de presse
Soliloques gaillards
III
J’ai vu le cul de l’amoureux
Battre la mesure
Pouah ! Tralala
Les jambes de la dame
Les deux blanches tours
La glace jasmin jupon cuisses
Tout se fond
Ta plaie patte d’écrevisse
Rougie au feu...
Cuivres archers toute la plèbe !
Sortez vos glaives
Tuez l’éphèbe
Voyez ce drôle tombé à pic
Sur ce ventre élastique et rose
Une tarentule un moustique
Trop tard pour sauver les apparences
O ! ma couronne
C’est tes épines qui me piquent.
Jésus : bras dessus, bras dessous
Allons sur la plage voir les baigneuses
Bien que Madeleine fût si amoureuse
Elle avait son gros passé ventru de vérole
Je t’absous ô chaste et passionné !
Regarde danser les folles
Pense de t’enfoncer çà et là
Pour réciproque plaisir
Ma grâce ma lyre !
Tu me rappelles l’immortelle Hélène
Et son corset en satin sous la blanche mousseline
Et la baleine
Elle nage exprès pour elle dans la mer arctique
Dis ! violente désagréable beauté
Où vas-tu que veux-tu faire
Au bord de quelle eau vas-tu creuser les nuages de tes regards fiévreux
Il me semble que je te demande quelque chose
Quelque faveur inattendue
Ou peut-être rien !
C’est la nuit...
L’Afrique
La chaste vendeuse de poil du chameau
Tremble l’eau
Tout jusqu’au bord de la lune
Ma poitrine rougit d’inquiétude
Aumale !
Léonard Pieux
Revue « Nord – Sud, N°6-7, Août-septembre 1917