Friedrich Nietzche (1844 – 1900) : Dans l’automne allemand / Im deutschen November
Dans l’automne allemand
C’est l’automne : il – te brise encore le cœur !
Prends ton vol ! Prends ton vol ! –
Le soleil s’insinue dans la montagne
Et grimpe, grimpe
Prenant repos à chaque pas.
Pourquoi le monde s’est-il tant flétri ?
Sur des fils tendus harassés
Le vent joue sa chanson.
L’espoir a fui –
Sa complainte est pour lui.
C’est l’automne : il – te brise encore le cœur !
Prends ton vol ! Prends ton vol ! –
Oh fruit de l’arbre,
Tu trembles, tombes ?
Quel secret t’enseigna
La nuit,
Qu’un frison glacé recouvre la joue,
Ta joue purpurine ?
Tu te tais, ne réponds pas,
Qui parle encore ? –
C’est l’automne : il – te brise encore le cœur !
Prends ton vol ! Prends ton vol ! –
« Je ne suis pas belle
- ainsi parle l’aster –
Mais j’aime les humains
J’ai confiance dans les humains –
ils doivent encore voir des fleurs à présent
se courber vers moi
hélas ! et me briser –
dans leur œil s’éclaire alors
un souvenir
souvenir de plus beau que moi : -
- je le vois, je le vois – et je meurs ainsi. » -
C’est l’automne : il – te brise encore le cœur !
Prends ton vol ! Prends ton vol ! –
Traduit de l’allemand par Guillaume Métayer,
In, Friedrich Nietzsche : « Poèmes complets »
Société d’éditions Les Belles Lettres,2019
Du même auteur :
Le soleil décline / Die Sonne sinkt (07/02/2020)
La chanson ivre / Das trunkene lied (07/02/2021)
Venise /Venedig (07/02/2022)
« Et si nous sommes dans les ruisseaux de la vie... » / « Und ob wir in des Lebens Bächen stehen... » (03/02/2023)
Im deutschen November
Dies ist der Herbst: der - bricht dir noch das Herz!
Fliege fort! fliege fort! -
Die Sonne schleicht zum Berg
Und steigt und steigt
und ruht bei jedem Schritt.
Was ward die Welt so welk!
Auf müd gespannten Fäden spielt
Der Wind sein Lied.
Die Hoffnung floh -
Er klagt ihr nach.
Dies ist der Herbst: der - bricht dir noch das Herz.
Fliege fort! fliege fort!
Oh Frucht des Baums,
Du zitterst, fällst?
Welch ein Geheimnis lehrte dich
Die Nacht,
Daß eis’ger Schauder deine Wange,
Die purpur-Wange deckt? -
Du schweigst, antwortest nicht?
Wer redet noch? -
Dies ist der Herbst: der - bricht dir noch das Herz.
Fliege fort! fliege fort! -
„Ich bin nicht schön
– so spricht die Sternenblume -
„Doch Menschen lieb’ ich
Und Menschen tröst’ ich -
sie sollen jetzt noch Blumen sehn,
nach mir sich bücken
ach! und mich brechen –
in ihrem Auge glänzet dann
Erinnerung auf,
Erinnerung an Schöneres als ich: -
– ich seh’s, ich seh’s – und sterbe so“. -
Dies ist der Herbst: der - bricht dir noch das Herz!
Fliege fort! fliege fort!
Poème précédent en allemand :
Nelly Sachs : Celui qui vient de la tetre / Wer von der Erde kommt (02/01/2024)
Poème suivant en allemand :
Friedrich Hölderlin : Patmos (06/02/2024)