Saint–John–Perse (1887 – 1975) : Anabase (I-VI)
Anabase
CHANSON
Il naissait un poulain sous les feuilles de bronze. Un homme mit des baies
amères dans nos mains. Etranger. Qui passait. Et voici qu’il est bruit d’autres
provinces à mon gré... « Je vous salue, ma fille, sous le plus grand des arbres
de l’année . »
*
Car le soleil entre au Lion et l’Etranger a mis son doigt dans la bouche des
Morts. Etranger. Qui riait. Et nous parle d’une herbe. Ah ! tant de souffles aux
provinces ! Qu’il est d’aisance dans nos voies ! que la trompette m’est délice,
et la plume savante au scandale de l’aile !... « Mon âme, grande fille, vous
aviez vos façons qui ne sont pas les nôtres. »
*
Il naquit un poulain sous les feuilles de bronze. Un homme mit ces baies
amères dans nos mains. Etranger. Qui passait. Et voici d’un grand bruit dans un
arbre de bronze. Bitume et roses, don du chant ! Tonnerre et flûtes dans les
chambres ! Ah ! tant d’aisance dans nos voies, Ah ! tant d’histoires à l’année,
et l’Etranger à ses façons par les chemins de toute la terre !... « Je vous salue,
ma fille, sous la plus belle robe de l’année. »
ANABASE
I
Sur trois grandes saisons m’établissant avec honneur, j’augure bien du sol
où j’ai fondé ma loi.
Les armes au matin sont belles et la mer. A nos chevaux livrée la terre sans
amandes
nous vaut ce ciel incorruptible. Et le soleil n’est point nommé, mais sa
puissance est parmi nous
et la mer au matin comme une présomption de l’esprit.
Puissance, tu chantais sur nos routes nocturnes !... Aux ides pures du matin
que savons-nous du songe, notre aînesse ?
Pour une année encore parmi vous ! Maître du grain, maître du sel, et la
chose publique sur de justes balances !
Je ne hélerai point les gens d’une autre rive. Je ne tracerai point de grands
quartiers de villes sur les pentes avec le sucre des coraux. Mais j’ai dessein
de vivre parmi vous.
Au seuil des tentes toute gloire ! ma force parmi vous ! et l’idée pure
comme un ciel tient ses assises dans le jour
*
... Or je hantais la ville de vos songes et j’arrêtais sur les marchés déserts ce
pur commerce de mon âme, parmi vous,
invisible et fréquente ainsi qu’un feu d’épines en plein vent.
Puissance, tu chantais sur nos routes splendides !... « Au délice du sel sont
toutes lances de l’esprit... J’aviserai du sel les bouches mortes du désir !
« Qui n’a, louant la soif, bu l’eau des sables dans un casque,
« je lui fais peu crédit au commerce de l’âme... » (Et le soleil n’est point
nommé, mais sa puissance est parmi nous.)
Hommes, gens de poussière et de toutes façons, gens de négoce et de loisir,
gens des confins et gens d’ailleurs, ô gens de peu de poids dans la mémoire de
ces lieux ; gens des vallées et des plateaux et des plus hautes pentes de ce
monde à l’échéance de nos rives ; flaireurs de signes, de semences, et
confesseurs de souffles en Ouest ; suiveurs de pistes, de saisons, leveurs de
campements dans le petit vent de l’aube ; ô chercheurs de points d’eau sur
l’écorce du monde ; ô chercheurs, ô trouveurs de raisons pour s’en aller
ailleurs,
vous ne trafiquez pas d’un sel plus fort quand, au matin, dans un présage de
royaumes et d’eaux mortes hautement suspendues sur les fumées du monde, les
tambours de l’exil éveillent aux frontières
l’éternité qui bâille sur les sables.
*
... En robe pure parmi vous. Pour une année encore parmi vous. « Ma gloire
est sur les mers, ma force est parmi vous !
A nos destins promis ce souffle d’autres rives et, portant au-delà les
semences du temps, l’éclat d’un siècle, sur sa pointe au fléau des balances... »
Mathématiques suspendues aux banquises du sel ! Au point sensible de mon
front où le poème s’établit, j’inscrit ce chant de tout un peuple, le plus ivre,
à nos chantiers tirant d’immortelles carènes !
II
Aux pays fréquentés sont les plus grands silences, aux pays fréquentés de
criquets à midi.
Je marche, vous marchez dans un pays de hautes pentes à mélisses, où l’on
met à sécher la lessive des Grands.
Nous enjambons la robe de la Reine, toute en dentelle avec deux bandes de
couleur bise (ah ! que l’acide corps de femme sait tacher une robe à l’endroit
de l’aisselle !)
Nous enjambons la robe de Sa fille, toute en dentelle avec deux bandes de
couleur vive (ah ! que la langue du lézard sait cueillir les fourmis à l’endroit de
l’aisselle !).
Et peut-être le jour ne s’écoule-t-il point qu’un même homme n’ait brûlé
pour une femme et pour sa fille.
Rire savant des morts, qu’on nous pèle ces fruits !... Eh quoi ! n’est-il plus
grâce au monde sous la rose sauvage ?
Il vient, de ce côté du monde, un grand mal violet sur les eaux. Le vent se
lève. Vent de mer. Et la lessive
part ! comme un prêtre mis en pièces...
III
A la moisson des orges l’homme sort. Je ne sais qui de fort a parlé sur mon
toit. Et voici que ces Rois sont assis à ma porte. Et l’Ambassadeur mange à la
table des Rois. (Qu’on les nourrisse de mon grain !) Le Vérificateur des poids
et des mesures descend les fleuves emphatiques avec toute sorte de débris
d’insectes
et de fétus de paille dans sa barbe.
Va ! nous nous étonnons de toi, Soleil ! Tu nous a dit de tels mensonges !...
Fauteurs de troubles, de discordes ! nourri d’insultes et d’esclandres, ô
Frondeur ! Fais éclater l’amande de mon œil ! Mon cœur a pépié de joie sous
les magnificences de la chaux, l’oiseau chante : « ô vieillesse !... », les fleuves
sont sur leurs lits comme des cris de femmes et ce monde est plus beau
qu’une peau de bélier peinte en rouge !
Ha ! plus ample l’histoire de ces feuillages à nos murs, et l’eau plus pure
qu’en des songes, grâces, grâces lui soit rendues de n’être pas un songe ! Mon
âme est pleine de mensonge, comme la mer agile et forte sous la vocation de
l’éloquence ! l’odeur puissante m’environne. Et le doute s’élève sur la réalité
des choses. Mais si un homme tient pour agréable sa tristesse, qu’on le
produise dans le jour ! et mon avis est qu’on le tue, sinon
il y aura une sédition.
Mieux dit : nous t’avisons, Rhéteur ! de nos profits incalculables. Les mers
fautives aux Détroits n’ont point connu de juge plus étroit ! Et l’homme
enthousiasmé d’un vin, portant son cœur farouche et bourdonnant comme un
gâteau de mouches noires, se prend à dire de ces choses : « ... Roses, pourpre
délice : la terre vaste à mon désir, et qui en posera les limites ce soir ?... la
violence au cœur du sage, et qui en posera les limites ce soir ?... » Et un tel, fils
d’un tel, homme pauvre,
vient au pouvoir des signes et des songes.
« Tracez les routes où s’en aillent les gens de toute race, montrant cette
couleur jaune du talon : les princes, les ministres, les capitaines aux voix
amygdaliennes ; ceux qui ont fait de grandes choses, et ceux qui voient en
songe ceci ou cela... Le prêtre a déposé ses lois contre le goût des femmes
pour les bêtes. Le grammairien choisit le lieu de ses disputes en plein air. Le
tailleur pend à un vieil arbre un habit neuf d’un très beau velours. Et l’homme
atteint de gonorrhée lave son linge dans l’eau pure. On fait brûler la selle du
malingre et l’odeur en parvient au rameur sur son banc,
elle lui est délectable. »
A la moisson des orges l’homme sort. L’odeur puissante m’environne, et
l’eau plus pure qu’en Jabal fait ce bruit d’un autre âge... Au plus long jour de
l’année chauve, louant la terre sous l’herbage, je ne sais qui de fort a marché
sur mes pas. Et des morts sous le sable et l’urine et le sel de la terre, voici qu’il
en fait comme de la balle dont le grain fut donné aux oiseaux. Et mon âme,
mon âme veille à grand bruit aux portes de la mort – Mais dit au Prince qu’il se
taise : à bout de lance parmi nous
ce crâne de cheval !
IV
C’est là le train du monde et je n’ai que du bien à en dire – Fondation de la
ville. Pierre et bronze. Des feux de ronce à l’aurore
mirent à nu ces grandes
pierres vertes et huileuses comme des fonds de temples, de latrines,
et le navigateur en mer atteint de nos fumées vit que la terre, jusqu’au faîte,
avait changé d’image (de grands écobuages vus du large et ces travaux de
captation d’eaux vives en montagne).
Ainsi la ville fut fondée et placée au matin sous les labiales d’un nom pur.
Les campements s’annulent aux collines ! Et nous qui sommes là sur les
galeries de bois,
tête nue et pieds nus dans la fraîcheur du monde,
qu’avons-nous donc à rire, mais qu’avons-nous à rire, sur nos sièges, pour
un débarquement de filles et de mules ?
et qu’est-ce à dire, depuis l’aube, de tout ce peuple sous les voiles ? – Des
arrivages de farine !... Et les vaisseaux plus hauts qu’Ilion sous le paon blanc
du ciel, ayant franchi la barre, s’arrêtaient
en ce point mort où flotte un âne mort. (Il s’agit d’arbitrer ce fleuve pâle,
sans destin, d’une couleur de sauterelles écrasées dans leur sève).
Au grand bruit frais de l’autre rive, les forgerons sont maîtres de leurs feux !
Les claquements du fouet déchargent aux rues neuves des tombereaux de
malheurs inéclos. Ô mules, nos ténèbres sous le sabre de cuivre ! quatre têtes
rétives au nœud du poing font un vivant corymbe sur l’azur. Les fondateurs
d’asiles s’arrêtent sous un arbre et les idées leur viennent pour le choix des
terrains. Ils m’enseignent le sens et la destination des bâtiments : face honorée,
face muette ; les galeries de latérite, les vestibules de pierre noire, et les
piscines d’ombre claire pour bibliothèques ; des constructions très fraîches
pour les produits pharmaceutiques. Et puis s’en viennent les banquiers qui
sifflent dans leurs clefs. Et déjà par les rues un homme chantait seul, de ceux
qui peignent sur leur front le chiffre de leur Dieu.(Crépitements d’insectes à
jamais dans ce quartier aux détritus !) ... Et ce n’est point le lieu de vous conter
nos alliances avec les gens de l’autre rive ; l’eau offerte dans les outres, les
prestations de cavalerie pour les travaux du port et les princes payés en
monnaie de poissons. (Un enfant triste comme la mort des singes – sœur aînée
d’une grande beauté – nous offrait une caille dans un soulier de satin rose.
... Solitude ! L’œuf bleu que pond un grand oiseau de mer, et les baies au
matin tout encombrées de citrons d’or ! – C’était hier ! L’oiseau s’en fut !
Demain les fêtes, les clameurs, les avenues plantées d’arbres à gousses et
les services de voirie emportant à l’aurore de grands morceaux de palmes
mortes, débris d’ailes géantes... Demain les fêtes,
les élections de magistrats du port, les vocalises aux banlieues et, sous les
tièdes couvaisons d’orage,
la ville jaune, casquée d’ombre, avec ses caleçons de filles aux fenêtres.
*
... A la troisième lunaison, ceux qui veillaient aux crêtes des collines
replièrent leurs toiles. On fit brûler un corps de femme dans les sables. Et
un homme s’avança à l’entrée du Désert – profession de son père : marchand
de flacons.
V
Pour mon âme mêlée aux affaires lointaines, cent feux de villes avivés par
l’aboiement des chiens...
Solitude ! nos partisans extravagants nous vantaient nos façons, mais nos
pensées déjà campaient sous d’autres murs :
« Je n’ai dit à personne d’attendre... Je vous hais tous avec douceur... Et
qu’est-ce à dire de ce chant que vous tirez de nous ?... »
Duc d’un peuple d’images à conduire aux Mers Mortes, où trouver l’eau
nocturne qui lavera nos yeux ?
Solitude !... Des compagnies d’étoiles passent au bord du monde,
s’annexant aux cuisines un astre domestique.
Les Rois Confédérés du ciel mènent une guerre sur mon toit et, maîtres des
hauteurs, y établissent leurs bivacs.
Que j’aille seul avec les souffles de la nuit, parmi les Princes pamphlétaires,
parmi les chutes de Biélides !...
Âme jointe en silence au bitume des Mortes ! Cousues d’aiguilles nos
paupières ! louée l’attente sous nos cils !
La nuit donne son lait, qu’on y prenne bien garde ! et qu’un doigt de miel
longe les lèvres du prodigue :
« ... Fruit de la femme, ô Sabéenne !... » Trahissant l’âme la moins sobre et
soulevé des pures pestilences de la nuit,
je m’élèverai dans mes pensées contre l’activité du songe ; je m’en irai avec
les oies sauvages dans l’odeur fade du matin !...
- Hà ! quand l’étoile s’anuitait au quartier des servantes, savions-nous que
déjà tant de lances nouvelles
poursuivaient au désert les silicates de l’Eté ? « Aurore, vous contiez... »
Ablutions aux rives des Mers Mortes !
Ceux qui ont couché nus dans l’immense saison se lèvent en foule sur la
terre – se lèvent en foules et s’écrient
que ce monde est insane ! ... Le vieillard bouge des paupières dans la
lumière jaune ; la femme s’étire sur son ongle ;
et le poulain poisseux met son menton barbu dans la main de l’enfant, qui
ne rêve pas encore de lui crever un œil...
« Solitude ! Je n’ai dit à personne d’attendre...Je m’en irai par là quand je
voudrai... » Et l’Etranger tout habillé
de ses pensées nouvelles se fait encore des partisans dans les voies du
silence : son œil est plein d’une salive,
il n’y a plus en lui substance d’homme. Et la terre en ses graines ailées,
comme un poète en ses propos, voyage...
VI
Tout-puissants dans nos grands gouvernements militaires, avec nos filles
parfumées qui se vêtaient d’un souffle, ces tissus,
nous établîmes en haut lieu nos pièges au bonheur.
Abondance et bien-être, bonheur ! Aussi longtemps nos verres où la glace
pouvait chanter comme Memnon...
Et fourvoyant à l’angle des terrasses une mêlée d’éclairs, de grands plats
d’or aux mains des filles de service fauchaient l’ennui des sables aux limites
du monde.
Puis ce fut une année de souffles en Ouest et, sur nos toits lestés de pierres
noires, tout un propos de toiles vives adonnées au délice du large. Les
cavaliers au fil des caps, assaillis d’aigles lumineuses et nourrissant à bout de
lances les catastrophes pures du beau temps publiaient sur les mers une ardente
chronique :
Certes ! une histoire pour les hommes, un chant de force pour les hommes,
comme un frémissement du large dans un arbre de fer !... lois données sur
d’autres rives, et les alliances par les femmes au sein des peuples dissolus ; de
grands pays vendus à la criée sous l’inflation solaire, les hauts plateaux pacifiés
et les provinces mises à prix dans l’odeur solennelle des roses...
Ceux-là qui en naissant n’ont point flairé de telle braise, qu’ont-ils à faire
parmi nous ? et se peut-il qu’ils aient commerce de vivants ? « C’est votre
affaire et non la mienne de régner sur l’absence... » Pour nous qui étions là,
nous produisîmes aux frontières des accidents extraordinaires, et nous portant
dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très
grande joie :
« Je connais cette race établie sur les pentes : cavaliers démontés dans les
cultures vivrières. Allez et dites à ceux-là : un immense péril à courir avec
nous ! des actions sans nombre et sans mesure, des volontés puissantes et
dissipatrices et le pouvoir de l’homme consommé comme la grappe dans la
vigne... Allez et dites bien : nos habitudes de violence, nos chevaux sobres et
rapides sur les semences de révolte et nos casques flairés par la fureur du jour...
Aux pays épuisés où les coutumes sont à reprendre, tant de familles à
composer comme des encagés d’oiseaux siffleurs, vous nous verrez, dans nos
façons d’agir, assembleurs de nations sous de vastes hangars, lecteurs de bulle
à voix haute, et vingt peuples sous nos lois parlant toutes les langues...
« Et déjà vous savez l’histoire de leur goût : les capitaines pauvres dans les
voies immortelles, les notables en foule venus pour nous saluer, toute la
population virile de l’année avec ses dieux sur des bâtons, et les princes déchus
dans les sables du Nord, leurs filles tributaires nous prodiguant les assurances
de leur foi, et le Maître qui dit : j’ai foi dans ma fortune...
Ou bien vous leur contez les choses de la paix : aux pays infestés de bien-
être une odeur de forum et de femmes nubiles, les monnaies jaunes, timbre pur,
maniées sous les palmes, et les peuples en marche sur de fortes épices –
dotations militaires, grands trafics d’influence à la barbe des fleuves,
l’hommage d’un puissant voisin assis à l’ombre de ses filles et les messages
échangés sur des lamelles d’or, les traités d’amitié et de délimitation, les
conventions de peuple à peuple pour des barrages de rivière, et les tributs levés
dans les pays enthousiasmés ! (constructions de citernes, de granges, de
bâtiments pour la cavalerie – les carrelages d’un bleu vif et les chemins de
brique rose – les déploiements d’étoffes à loisir, les confitures de roses à miel
et le poulain qui nous est né dans les bagages de l’armée – les déploiements
d’étoffes à loisir, et dans les glaces de nos songes, la mer qui rouille les épées,
et la descente, un soir, dans les provinces maritimes, vers nos pays de grand
loisir et vers nos filles
« parfumées, qui nous apaiseront d’un souffle, ces tissus...)
- Ainsi parfois nos seuils pressés d’un singulier destin et, sur les pas
précipités du jour, de ce côté du monde, le plus vaste, où le pouvoir s’exile
chaque soir, tout un veuvage de lauriers !
Mais au soir, une odeur de violettes et d’argile, aux mains des filles de nos
femmes, nous visitait dans nos projets d’établissement et de fortune
et les vents calmes hébergeaient au fond des golfes désertiques.
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Anabase
Editions Gallimard, 1924
Du même auteur :
« Telle est l’instance extrême… » (03/01/2014)
« Et vous, Mers… » (04/01/2016)
Images à Crusoé (04/01/2017)
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Anabase (VII - X) (04/01/2025)