Nelly Sachs (1891 – 1970) : Celui qui vient de la terre / Wer von der Erde kommt
Celui qui vient de la terre
Celui
qui vient de la terre
pour toucher lune
ou
autre minéral du ciel qui fleurit -
blessé par le coup de feu
du souvenir
il bondira très haut
grâce à la nostalgie, matière qui explose
car
hors de la terre nocturne peinte
ses prières sont des ailes qui s’élèvent
hors du néant de chaque jour
en quête des routes intérieures de l’œil.
Cratères et mers sèches
remplis de larmes
qui voyagent à travers des stations d’étoiles
en partant vers l’au-delà de la poussière.
Partout la terre
construit ses colonies de mélancolie
non pour se poser
sur les océans du sang malade
rien que pour se laisser bercer
par la musique de lumière qui vient du flux et du reflux
rien que pour se laisser bercer
par le signe de l’invulnérable
signe d’éternité :
Vie – Mort –
Traduit de l’allemand par Michèle Fink
In revue « Polyphonies, N°13 (Eté-Automne 1991)
De la même autrice :
« Ici où dans le sel… » (16/09/2015)
« Des langues de mer salées… » (16/09/2016)
« Rêve surcroît du dormeur… / « Traum der den Schlafenden… » (16/09/2017)
« Vous mes morts... » / « Ihr meine Toten... » (16/09/2018)
Papillon / Schmetterling (16/09/2019)
« C’est l’heure planétaire des fugitifs... « / « Das ist der Flüchtlinge Planetenstunde... » (16/09/2020)
Wer von der Erde kommt
Wer
von der Erde kommt
Mond zu berühren
oder
anderes Himmelsmineral das blüht –
angeschossen
von Erinnerung
wird er hoch springen
vom explodierenden Sehnsuchtsstoff
denn
aus bernalter Erdennacht
aufgerflügelt sind eine Gebete
aus täglichen Vernichtungen
suchend die inneren Augenstraßen.
Krater und Trocklenmeere
erfüllt von Tränen
durch sternige Stationen reisend
auf der Fahrt ins Staublose.
Überall die Erde
baut an ihren Heimwehkolonien.
Nicht zu landen
auf den Ozeanen des süchtigen Blutes
nur zu wiegen sich
in Lichtmusik aus Ebbe und Flut
nur zu wiegen sich
im Rhythmus des unverwundeten
Ewigkeitszeichen :
Leben – Tod –
Fahrt ins Staublose
Suhrkamp Verlag, Frankfurt,1961
Poème précédent en allemand :
Achim von Arnim : Le cerisier / Der Kirschbaum (13/12/2023)
Poème suivant en allemand :
Friedrich Nietzche :Dans l’automne allemand / Im deutschen November (03/02/2024)