Jacques Lovichi (1937 – 2018) : Promontoire
Promontoire
I
Nageur de nuit aux cils clos sur un songe
nageur obscur aux cheveux d’algues molles
à l’haleine d’iode et de sel
voici l’instant rêvé par la mémoire
voici le flot que suspend l’équinoxe
Nageur de nuit aux muscles de silex
voici le bruit de ton sang dans les tempes
l’enroulement concerté de la vague
et le frôlement doucereux
des herbes d’eau tentaculaires
Vois : la lune entre deux nuages
éclabousse de lait nocturne
le fin réseau de tes paupières
Oh ! tes yeux durs
tes muscles souples
Il est temps nageur il est temps
voici le roc des lassitudes
le ciel est noir jusqu’au matin
II
Or le nageur aux mains aveugles
comme au creux d’un grand coquillage
attend encore entre deux eaux
la première pointe de l’aube
puis s’abandonne
se déserte
tombe sans fin au gouffre blême
et franchit le gouffre du sommeil
à Nouchka la licorne
Les derniers retranchements. Poèmes
Le cherche-midi éditeur, 2002
Du même auteur :
La sourde oreille (17/10/2014)
Ne variatur ou l’avant-dernière lettre d’Ephèse (17/10/2015)
Le combat avec l’ange (17/10/2016)
Mourir dans l’île (17/10/2017)
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