Philippe Desportes (1546 – 1606) : « Un doux trait de vos yeux... »
Un doux trait de vos yeux, ô ma fière déesse !
Beaux yeux, mon seul confort,
Peut me remettre en vie et m’ôter la tristesse
Qui me tient à la mort.
Tournez ces clairs soleils, et par leur vive flamme
Retardez mon trépas :
Un regard me suffit : le voulez-vous, madame ?
Non, vous ne voulez pas.
Un mot de vôtre bouche à mon dam trop aimable,
Mais qu'il soit sans courroux,
Peut changer le destin d'un amant misérable,
Qui n'adore que vous.
Il ne faut qu'un oui, mêlé d'un doux sourire
Plein d'amours et d'appas :
Mon Dieu ! que de longueurs, le voulez-vous point dire ?
Non, vous ne voulez pas.
Roche sourde à mes cris, de glaçons toute pleine,
Ame sans amitié,
Quand j'étais moins brûlant, tu m'étais plus humaine
Et plus prompte à pitié.
Cessons donc de l'aimer, et, pour nous en distraire,
Tournons ailleurs nos pas.
Mais peut-il être vrai que je le veuille faire ?
Non, je ne le veux pas.
Les Amours de Diane, 1573
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