Philippe Desportes (1546 – 1606) : « Ma nef passe au détroit... »
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Ma nef passe au détroit d’une mer courroucée,
Toute comble d’oubli, l’hiver à la minuit ;
Un aveugle, un enfant, sans souci la conduit,
Désireux de la voir sous les eaux renversée.
Elle a pour chaque rame une longue pensée
Coupant, au lieu de l’eau, l’espérance qui fuit ;
Les vents de mes soupirs, effroyables de bruit,
Ont arraché la voile à leur plaisir poussée.
De pleurs une grand pluie, et l’humide nuage
Des dédains orageux, détendent le cordage ;
Retors des propres mains d’ignorance et d’erreur.
De mes astres luisants la flamme est retirée,
L’art est vaincu du temps, du bruit et de l’horreur.
Las ! puis-je donc rien voir que ma perte assurée ?
Les Amours de Diane, 1573
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