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Le bar à poèmes
8 mars 2023

Esther Tellermann (1947 -) : Allons plus bas

 

Allons plus bas

 

     Vite

naviguons

       peignons

nos faces et

dispersons le sel

allons plus bas

là où la terre

oscille et se soumet

     en cendres

où tombent

      la fièvre

      et les dieux.

 

 

     Là

dans les résines

se sont figées

      les voix

       ô

forêts qui

vous effacent

gonflent

       le souvenir.

 

 

           Et

j’attendrai

la déchirure

des lacs tièdes

et des nuits d’en

      dessous

      franchirai

      la mémoire

d’une porte qui            

          s’ouvre

   je perdrai

à nouveau.

 

 

Les espaces

comme en toi

je creuse

cherche les calcites

éclats d’onyx

frontières

de ce côté du

monde

vents nous auraient

     couchés

puis rousseur

nous couvre

avec le cri

et les fosses.

 

 

Plus rien

façades criblées

    et renoncules

un coquelicot

    d’argent

brises sentant les

    feux

vergers de cuivre

cachant

    la tubéreuse

    noire

et les seuils.

 

 

Des champs où

furent laissés

une main qui

      tremble

un regard d’au-delà

      le monde

il m’entre   il

      ne ment pas

      il

      brûle

dans le chaume

afin de retenir

veut nommer

      nomme

ne s’éteint pas.

 

 

Raconte

le trop de nuits

et de senteurs

     là

de ce côté du monde

le trop de rouge

et de bouches

et les bruits de

     tessons

qui enflent

dans le glas

remugle d’infinis

et d’entrailles

     rien.

 

 

    Raconte

comme

l’attente est

    bourreau

et corde

    comme

il fallut taire

    l’appel

    gorgé

arracher

    l’humide.

 

 

Car comment

avons-nous été

      saisis 

avons perdu

au milieu des

      verts

et des linges

des mots-éboulis

      comment

tournons-nous entre

des grains de lumière

des cercles

d’aucun vol

de nos semelles

      de métal ?

 

 

Ne voulions

d’autres races

chassées

elles frôlent     se

greffent

ne sont pas toi

             mais

gens qui creusent

vont au dessous

sous les coulées de

glaise    alourdissent

    l’ombre

 

 

Peut-être

il en fut

              un

qui ne ment pas

il se tient

    droit

au bord    des

levées du monde

en lisière

des minerais

et des tufs

il nomme

veut nommer

ne s’éteins pas.

 

 

Il veille

ceux de dessous et

ceux qui partent

      tombent

sous les coulées

de glaise

insèrent dans le

      cri

      le havre

se hissent sur les

      rails

dans les barques

      les pelles.

 

 

Donne leur un

reste de lumière

parole occupée

de vents

un mot-étincelle

cousant les voix

quand soudain

nuit

        se renverse

un demain de

        neige sur

        le rouge.

 

In, Revue « Conséquence,#2 »,2017

De la même autrice : Trois sud (1 et 2)  (08/03/2024)

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