Paul Quéré (1931 – 1993) : « Comme rivé à l’étoile polaire... »
Comme rivé à l’étoile polaire, point rouge (pas
forcément triple et carré) au ciel des traînes noc-
turnes d’un tableau monochrome, l’œil décline
l’errance des imaginations.
Ainsi fut-ce, cette fois, tour à tour la zébrure
d’un coups de sang qui fait naître le doute ori-
ginel, le fil rouge d’un sang neuf dont on coud
un réveil glorieux, le rouge-gorge discret d’un
déjà vieux petit matin, d’une nature morte ou
d’une eau alarmante, le point de fuite d’un
non-retour dans une perspective de pierres, un
bout de cigarette incandescent dénonciateur,
une feuille de silence en flamme, une ouver-
ture, peut-être une fenêtre, sur l’abîme d’une
toile ou d’un papier dessin, une pierre rouge
jetée dans le jardin de cendre d’un solitaire,
un phosphène préludant à la surdité d’un som-
meil impartageable... et toujours, et encore,
l’eau celant l’étincelle de vie...
Le Nouvel Ecriterres, N° 2, Mai 1990
29720 Plonéour-Lanvern
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