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Le bar à poèmes
14 septembre 2021

Rouada Al-Hadj (19 ? -) : Sur la côte, le cœur confesse

 

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Sur la côte, le cœur confesse

 

Jour après jour augmente ma conviction

que j’ai été créée pour toi

J’ai vu de mes propres yeux ta bouche dire

les poèmes avant moi

et sans toi, Ô homme qui m’as envahie comme une fièvre côtière,

je suis desséchée comme un pays détruit

et pâle comme le ruisseau à sec

et je n’ai ni couleurs ni goût

et mon odeur est comme le lit de l’étang que la pluie n’a pas visité

 

Jour après jour augmente ma conviction

que tu es un homme venu de tout l’espace

et que tu as colorié le visage de la vie qui m’appartient

avec les couleurs de la vie

et le goût de la vie

et les formes de la vie

Etranger qui es apparu à l’univers au soir d’un jour

j’ai crié : « C’est toi, ma voisine ? »

Tu n’as pas répondu

mais je savais

bénis soyons-nous, nous les étrangers

 

Jour après jour augmente ma conviction

que je suis comme une allumette

qui ne flambe qu’une seule fois

Alors, sois cette fois !

et laisse-moi illuminer de nuit ton champ

car tu es seul à posséder le secret des allumettes

qui flambent de longues années, pour une longue vie

Toi seul, tu donnes à l’existence la belle couronne coloriée de la vie

Toi seul, tu convaincs le cœur, ce badineur révolté et effronté en tout,

     d’en finir avec la mauvaise habitude qu’il a contractée depuis longtemps

et qui revient à chaque nouvelle aube et s’appelle le départ

 

Jour après jour augmente ma conviction

que j’endure ta présence,

j’y insiste, comme la plus grande prison

que mon existence ait connue

Je contrefais la vérité quand je te nomme mon ami

et que je dis que tu es une partie de moi

que tu es un petit symbole décorant mes cheveux

Je pratique la jolie peur des femmes

et je cache même aux amis ma situation

Alors tu deviens une nouvelle et belle voix

une fleur de jasmin qui parfume toutes mes lettres et ma pudeur

et mes lettres me trahissent

O toi, ma peur que mon parfum soit senti des gens

 

Jour après jour augmente ma conviction

et j’en consolide les fortifications

Par où vais-je fuir de ma certitude

qui se dresse autour de moi comme une barrière d’herbe, de jasmin

     et de chèvrefeuille ?

Jour après jour augmente ma conviction

S’il vous plaît, pour l’amour de Dieu,

renforcez ma certitude.

 

Traduit de l’arabe par Maram al-Masri

in, « Anthologie des femmes poètes du monde arabe »

Le Temps des Cerises, éditeurs, 2019

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