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Le bar à poèmes
6 juin 2021

Francis Ponge (1899 – 1998) : Le Bois de pins

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Le Bois de pins

 

Le bois de pins

Alpestre brosserie entourée de miroirs

Aux manches de bois pourpre haut touffus de poils verts

Dans ta pénombre chaude entachée de soleil

Vint se coiffer Vénus sortant de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante ...

D’où l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

     (- Et mon plaisir aussi d’y goûter mon sommeil

     Et cette écharpe oblique au tissu sans sommeil

     ... Flotte une oblique écharpe au tissu sans sommeil.)

 

*

Variante

L’alpestre brosserie - entourée de miroirs –

Aux manches de bois pourpre haut touffus de poils

     verts...

Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes 

Secouées là par tant de cimes négligentes,

Dans la pénombre chaude entachée de soleil

Sèche aussitôt la nue sortant de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante

Sous ces rubans tendus au tissu sans sommeil.

 

*

Autre

La haute brosserie entourée de miroirs

Aux manches de bois pourpre aux touffes de poils verts.

Dans son peignoir, pénombre entachée de soleil,

Sèche aussitôt Vénus sortant de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante

Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de têtes négligentes...

 

Flotte l’écharpe oblique au tissu sans sommeil.

 

*

Un aspect du bois de pins

L’alpestre brosserie haut touffue de poils verts

Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs...

Dans sa pénombre chaude entachée de soleil

Vint se coiffer Vénus sortant de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante.

D’où l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes,

Var. (Etces rubans tendus au tissu sans sommeil.

         Et ses tissus de biais par mouches sans sommeil.)

 

*

Variante

La haute brosserie, entourée de miroirs,

Aux manches de bois pourpre haut touffus de poils

     verts...

Dans ces peignoirs faits d’ombre entachée de soleil,

Séchez, corps vaporeux issus de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante,

Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

Et parmi (ces rubans au tissu sans sommeil.

Var.        cesrubans obliques sans sommeil.

               ces tissus obliques sans sommeil.)

 

                                                                                     28 Août 1940

 

La haute brosserie entourée de miroirs

Aux manches de bois pourpre haut touffus de poils

     verts...

Dans un peignoir fait d’ombre entachée de soleil

Vénus vint s’y coiffer sortant de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante...

D’où l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

     (Et ses rubans   [de biais au tissu sans sommeil.

                     Var.   tissus d’atomes sans sommeil.]

     Et ces flots de rubans au tissu sans sommeil.)

 

*

Variante

     La haute brosserie haut touffue de poils verts

     Aux manches ciselés entourés de miroirs...

     Vénus s’y coiffa-t-elle issue de la baignoire

     Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante ?

     Reste, sur l’épaisseur élastique et vermeille

     Des épingles à cheveux odoriférantes

     Secouées là par tant de cimes négligentes,

     Un peignoir de pénombre entaché de soleil,

     Obliquement tissu d’atomes sans sommeil.

 

*

Autre

L’antique brosserie, haut touffue de poils verts,

Aux manches ciselés entourés de miroirs...

Dans un peignoir fait d’ombre entaché de soleil,

Vénus s’y escamote, issue de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante.

Il ne reste, au tapis élastique et vermeil

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

Que des rubans tissus d’atomes sans sommeil.

 

*

Autre

Toute une brosserie haut touffue de poils verts,

Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs

Escamote une forme issue de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante.

Qui ne laisse au tapis élastique et vermeil

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil,

Obliquement tissu d’atomes sans sommeil

 

 

*

Autre

L’alpestre brosserie haut touffue de poils verts

Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs :

Vénus s’y coiffa-t-elle issue de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante ?

- Il reste un peignoir d’ombre entachée de soleil

Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

Et des rubans tissus d’atomes sans sommeil.

 

*

Autre

L’alpestre brosserie haut touffue de poils verts

Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs.

Du corps étincelant sorti de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante, 

Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

Il reste un peignoir d’ombre entachée de soleil

Obliquement tissu d’atomes sans sommeil.

*

Autre

Dans cette brosserie haut touffue de poils verts

Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs.

De vous, corps radieux issu de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante,

Il ne reste au tapis élastique et vermeil

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes,

Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil

Obliquement tissu d’atomes sans sommeil.

 

                                                                                       31 Août 1940

 

Le soleil dans le bois de pins

L’alpestre brosserie aux touffes de poils verts,

Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs...

Que Phoebus s’y présente, issu de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante, 

Il n’en reste – au tapis élastique et vermeil

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes –

Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil

Var.  (Obliquement tissu d’atomes sans sommeil

          Constamment traversé de mouches sans sommeil.)

 

*

     (Var.)

     Que pénombre habitée d’atomes de soleil

    Fréquemment traversée de mouches sans sommeil.  

 

*

Variante

Par cette brosserie aux touffes de poils verts,

Aux manches ciselés entourés de miroirs,

Var. (De tout corps radieux

        Du flamboiement divin issu de la baignoire)

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante, 

 

Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

 

Ne reste que pénombre entachée de soleil

Et des rubans tissus d’atomes sans sommeil.

 

*

Du soleil dans un bois de pins

Dans une brosserie haut touffue de poils verts

Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs

Qu’un corps radieux pénètre issu de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante, 

Il n’en reste tissu de mouches sans sommeil

Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil.

 

*

Les mouches plaintives

ou le soleil dans les bois de pins

 

Par cette brosserie haut touffue de poils verts

Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs

Qu’un corps radieux pénètre issu de la baignoire

Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante, 

Rien n’en reste au rapport de mouches sans sommeil

Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille

Des épingles à cheveux odoriférantes

Secouées là par tant de cimes négligentes

Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil.

 

                                                                           Francis Ponge

                                                                   La Suchère, août 1940

 

*

Variante

Vers 3ème : Du corps étincelant sorti de la baignoire

Vers 5ème : Rien ne reste...

                                                                                  2 septembre 1940.

 

Le Carnet du Bois de pins

Edition Mermod, Lausanne (Suisse), 1947

Du même auteur :

L’huître (05/062014) 

Le cageot (06/06/2015)

Le savon (06/06/2016)

La terre (05/06/2017)

La figue (06/06/2018)

L’ardoise (06/06/2019)

La cruche (06/06//2020)

La pomme de terre (30/03/2023)

L’asparagus (30/03/2024)

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