Francis Ponge (1899 – 1998) : Le Bois de pins
Le Bois de pins
Le bois de pins
Alpestre brosserie entourée de miroirs
Aux manches de bois pourpre haut touffus de poils verts
Dans ta pénombre chaude entachée de soleil
Vint se coiffer Vénus sortant de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante ...
D’où l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
(- Et mon plaisir aussi d’y goûter mon sommeil
Et cette écharpe oblique au tissu sans sommeil
... Flotte une oblique écharpe au tissu sans sommeil.)
*
Variante
L’alpestre brosserie - entourée de miroirs –
Aux manches de bois pourpre haut touffus de poils
verts...
Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes,
Dans la pénombre chaude entachée de soleil
Sèche aussitôt la nue sortant de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante
Sous ces rubans tendus au tissu sans sommeil.
*
Autre
La haute brosserie entourée de miroirs
Aux manches de bois pourpre aux touffes de poils verts.
Dans son peignoir, pénombre entachée de soleil,
Sèche aussitôt Vénus sortant de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante
Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de têtes négligentes...
Flotte l’écharpe oblique au tissu sans sommeil.
*
Un aspect du bois de pins
L’alpestre brosserie haut touffue de poils verts
Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs...
Dans sa pénombre chaude entachée de soleil
Vint se coiffer Vénus sortant de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante.
D’où l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes,
Var. (Etces rubans tendus au tissu sans sommeil.
Et ses tissus de biais par mouches sans sommeil.)
*
Variante
La haute brosserie, entourée de miroirs,
Aux manches de bois pourpre haut touffus de poils
verts...
Dans ces peignoirs faits d’ombre entachée de soleil,
Séchez, corps vaporeux issus de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante,
Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
Et parmi (ces rubans au tissu sans sommeil.
Var. cesrubans obliques sans sommeil.
ces tissus obliques sans sommeil.)
28 Août 1940
La haute brosserie entourée de miroirs
Aux manches de bois pourpre haut touffus de poils
verts...
Dans un peignoir fait d’ombre entachée de soleil
Vénus vint s’y coiffer sortant de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante...
D’où l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
(Et ses rubans [de biais au tissu sans sommeil.
Var. tissus d’atomes sans sommeil.]
Et ces flots de rubans au tissu sans sommeil.)
*
Variante
La haute brosserie haut touffue de poils verts
Aux manches ciselés entourés de miroirs...
Vénus s’y coiffa-t-elle issue de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante ?
Reste, sur l’épaisseur élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes,
Un peignoir de pénombre entaché de soleil,
Obliquement tissu d’atomes sans sommeil.
*
Autre
L’antique brosserie, haut touffue de poils verts,
Aux manches ciselés entourés de miroirs...
Dans un peignoir fait d’ombre entaché de soleil,
Vénus s’y escamote, issue de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante.
Il ne reste, au tapis élastique et vermeil
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
Que des rubans tissus d’atomes sans sommeil.
*
Autre
Toute une brosserie haut touffue de poils verts,
Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs
Escamote une forme issue de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante.
Qui ne laisse au tapis élastique et vermeil
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil,
Obliquement tissu d’atomes sans sommeil
*
Autre
L’alpestre brosserie haut touffue de poils verts
Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs :
Vénus s’y coiffa-t-elle issue de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante ?
- Il reste un peignoir d’ombre entachée de soleil
Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
Et des rubans tissus d’atomes sans sommeil.
*
Autre
L’alpestre brosserie haut touffue de poils verts
Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs.
Du corps étincelant sorti de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante,
Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
Il reste un peignoir d’ombre entachée de soleil
Obliquement tissu d’atomes sans sommeil.
*
Autre
Dans cette brosserie haut touffue de poils verts
Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs.
De vous, corps radieux issu de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante,
Il ne reste au tapis élastique et vermeil
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes,
Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil
Obliquement tissu d’atomes sans sommeil.
31 Août 1940
Le soleil dans le bois de pins
L’alpestre brosserie aux touffes de poils verts,
Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs...
Que Phoebus s’y présente, issu de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante,
Il n’en reste – au tapis élastique et vermeil
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes –
Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil
Var. (Obliquement tissu d’atomes sans sommeil
Constamment traversé de mouches sans sommeil.)
*
(Var.)
Que pénombre habitée d’atomes de soleil
Fréquemment traversée de mouches sans sommeil.
*
Variante
Par cette brosserie aux touffes de poils verts,
Aux manches ciselés entourés de miroirs,
Var. (De tout corps radieux
Du flamboiement divin issu de la baignoire)
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante,
Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
Ne reste que pénombre entachée de soleil
Et des rubans tissus d’atomes sans sommeil.
*
Du soleil dans un bois de pins
Dans une brosserie haut touffue de poils verts
Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs
Qu’un corps radieux pénètre issu de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante,
Il n’en reste tissu de mouches sans sommeil
Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil.
*
Les mouches plaintives
ou le soleil dans les bois de pins
Par cette brosserie haut touffue de poils verts
Aux manches de bois pourpre entourés de miroirs
Qu’un corps radieux pénètre issu de la baignoire
Ou marine ou lacustre au bas-côté fumante,
Rien n’en reste au rapport de mouches sans sommeil
Sur l’épaisseur au sol élastique et vermeille
Des épingles à cheveux odoriférantes
Secouées là par tant de cimes négligentes
Qu’un peignoir de pénombre entachée de soleil.
Francis Ponge
La Suchère, août 1940
*
Variante
Vers 3ème : Du corps étincelant sorti de la baignoire
Vers 5ème : Rien ne reste...
2 septembre 1940.
Le Carnet du Bois de pins
Edition Mermod, Lausanne (Suisse), 1947
Du même auteur :
L’huître (05/062014)
Le cageot (06/06/2015)
Le savon (06/06/2016)
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L’ardoise (06/06/2019)
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