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Le bar à poèmes
30 mars 2021

Eugène Guillevic (1907 – 1997) : Elle

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Elle

 

Elle marche,

L’air la porte,

 

Elle ouvre un espace

Rendu plus présent.

 

*

 

L’air

Est habité de fleuves

Qu’on ne voit pas.

 

Elle est leur océan

 

*

La pesanteur est en elle

Juste ce qu’il faut

Pour que la terre

La retienne

 

*

 

Elle craindrait plutôt

La lumière trop forte,

 

Plus forte que celle

Que proclame son corps.

 

*

 

Elle a de l’arbre

Ce que celui-ci

Tait de lui-même

 

*

 

Porteuse

D’assez de douceur

Pour pouvoir la cacher.

 

*

 

Elle a la voix des oiseaux

Quand le printemps

Les entretient.

 

*

 

Elle possède

Ce qui fait qu’on regarde

 

Couler l’eau du ruisseau

San jamais se lasser.

 

*

 

D’elle s’inspirent

 

Les fleurs, les coraux

Les levers du soleil

 

*.

 

Sur elle

Même le noir

Devient une couleur.

 

*

 

Elle fait chanter

Les lignes de son corps

Sur un fond qu’elle invente.

 

*

 

Elle a du serpent

La ductilité

 

Et ce qu’il faut de ruse

Pour être ce qu’on est.

 

*

 

Elle peut aussi

Être colère

 

Comme le ruisseau

Devient cascade.

 

*

 

Elle sait

Qu’elle ne sera

Pas toujours la même,

 

Elle fait comme si.

 

*

Elle est un besoin

Qu’a le mystère

De se manifester.

 

*

 

Elle est la jonction d’éléments

Dont elle sent

Qu’ils la traversent

 

*

 

Elle marche

Vers sa consécration

 

Par ce qui l’environne

Et l’environnera.

 

*

 

Quand elle est là

L’ombre se fait pénombre.

 

*

 

L’arbre

Est enraciné dans la terre,

 

Elle est enracinée

Dans le centre.

 

*

 

Elle n’est pas si sûre

D’elle -même,

 

Parfois

Son pouvoir la domine.

 

*

 

Quand elle agit

Elle se rêve.

 

*

 

Toujours en lutte,

Mais contre qui ?

 

Elle-même

Ne le sait pas.

 

Quelque chose

Qui fouille l’espace

 

Et se nourrit

De sa lumière.

 

*

 

N’importe où elle marche

C’est son sentier.

 

*

 

C’est en elle

Que les courbes

 

Trouvent leur perfection

 

*

 

Où qu’elle soit

Elle peut parler

 

Ala façon des sources

En plein bois.

 

*

 

Quand elle coule sur elle

L’eau retrouve son origine.

 

*

 

Pour dire

La beauté du jour,

 

Il lui suffit d’apparaître

Sur le pas de la porte.

 

*

 

Elle est chair.

Elle est esprit.

 

Elle est chair de l’esprit.

 

*

 

Son regard

Dit ce qu’elle pense

 

De son intérieur,

De son apparence.

 

*

 

Ses yeux sont de firmament

Ils sont aussi volcans,

 

Prometteurs d’un destin

 

*

 

Ses cils

Sont le souvenir

Des forêts originelles.

 

*

 

Ses mains témoignent

Comme les pétales

Que rôde le danger.

 

*

 

Où est la montagne

Qui aurait la passion

Dont parle ses genoux ?

 

*

 

Ses seins

Gardent le secret,

 

En appellent

Au silence.

 

Ils sont ce qu’elle a

De plus planétaire.

 

*

 

Quand elle aime

Toute la terre

 

Aime avec elle,

A travers elle.

 

*

 

Si elle n’était pas,

Que serait ton aujourd’hui ?

 

Elle seule

Fait barrage

Aux assauts de l’horizon.

 

Pour te dégager

De cette hypothèque

Toujours là.

 

*

 

Fréquemment

Son regard

 

Plaide ton innocence

 

*

 

Son sourire

Est le fruit de l’alliance

 

Du futur

Et de la planète.

 

*

 

Soleil

Et lune ensemble,

 

Ostensoir

De la terre.

 

*

 

Je la vois,

Nue à l’horizon,

 

Grandeur nature,

C’est-à-dire

 

Les pieds sur la plaine,

La tête au zénith.

 

1989

 

Possibles futurs

Editions Gallimard, 1996

Du même auteur :

Herbier de Bretagne (31/03/2014)

Le matin (30/03/2015) 

Du silence (30/03/2016)  

Les Rocs (30/03/2017)

Bergeries (30/03/2018)

« Dans le domaine... » (30/03/2019)

Lyriques (30/03/2020)

Carnac (I) (30/03/2022)

Carnac (II) (30/03/2023)

Si je pouvais... (30/03/2024

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