Antonio Gamoneda (1931 -) : « Si au moins je savais d’où ta tête... »
Si au moins je savais d’où ta tête
prend son port de ramier amer,
si je savais quel ruban est plus long,
celui de ton désir ou celui de ta tristesse ;
si je voyais d’où ta beauté
tire sa ferme et silencieuse charge,
si l’on me disait qu’elle passion libère
sa nature du fond de tes yeux,
ô gardienne véloce, je te donnerais
une partie de moi-même pour rester
uni à ce qui m’est le plus cher.
Mais il est vrai que je ne sais pas
encore de quelle chose me dépouiller :
de cette douleur ou de ce froid.
Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet
« Poésie espagnole. Anthologie 1945 – 1990 »
Acte sud / Editions Unesco, 1995
Du même auteur :
« Je sais que l’unique chant… » (04/12/2016)
« Vois / la fugacité sylvestre… » (04/12/2017)
« Il existait tes mains... » / « Existían tus manos... » (04/12/2018)
Blues de l’escalier / Blues de la escalera (04/12/2019)
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