Miguel D’ors (1946 -) : Il ne faut pas te leurrer / No intentes engañarte.
Il ne faut pas te leurrer
A Carlos Clementson
Tu sais que c’est inutile,
il ne faut pas te leurrer.
Aussi loin que tu ailles
jamais tu ne seras allé loin.
Tu pourras aller et venir
par les cieux et les mers :
Denver, Valparaiso,
les cabanes lépreuses
de Dharbang, l’automne
dans les érables de l’Ontario,
les nuits guaranis,
bleutées et musicales,
les filles des îles,
leurs chœurs ondulants,
leurs seins innocents,
leurs guirlandes souriantes
de bienvenue... Mais
tu sais que la fuite
ne sera jamais véritable,
partout où tu iras
tu retrouveras toujours
cette même tristesse.
Car là où tu seras allé
là tu te retrouveras
19 -XII- 87
Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet
In, «Poésie espagnole, Anthologie 1945 – 1990 »
Actes Sud / Editions Unesco, 1995
Du même auteur :
« Comment appeler l’oiseau... » (21/11/2019)
Ville en moi (Saint-Jacques / Ciudad en mi (Santiago) (21/11/2021)
Pluie / Lluva (21/11/2022)
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No intentes engañarte.
Tú sabes que es inútil;
no intentes engañarte.
Por lejos que te vayas
nunca habrás ido lejos.
Podrás ir y venir
por cielos y por mares:
Denver, Valparaíso,
las chozas harapientas
de Dharbang, el otoño
en los arces de Ontario,
las noches guaraníes,
hechas de azul y música,
las hijas de las islas,
sus ondulantes coros,
sus senos inocentes,
sus risueñas guirnaldas
de bienvenida… Pero
tú sabes que la huida
nunca será verdad,
que vayas donde vayas
siempre te encontrarás
esta misma tristeza.
Que allá donde hayas ido
estarás siempre tú.
La música extremada
Editorial Renacimiento, Sevilla (España,) 1991
Poème précédent en espagnol :
Blas de Otero : Automne / Otoño (07/11/2020)
Poème suivant en espagnol :
Federico Garcia Lorca : L’infidèle / La casada infiel (19/12/2020)