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Le bar à poèmes
28 septembre 2020

Stéphane Mallarmé (1842 – 1898) : Les fleurs

Mallarme_1998_GF[1]

Les fleurs

 

Des avalanches d’or du vieil azur, au jour

Premier et de la neige éternelle des astres

Jadis tu détachas les grands calices pour

La terre jeune encore et vierge de désastres,

 

Le glaïeul fauve, avec les cygnes au col fin,

Et ce divin laurier des âmes exilées

Vermeil comme le pur orteil du séraphin

Que rougit la pudeur des aurores foulées,

 

L’hyacinthe, le myrte à l’adorable éclair

Et, pareille à la chair de la femme, la rose

Cruelle, Hérodiade en fleur du jardin clair,

Celle qu’un sang farouche et radieux arrose !

 

Et tu fis la blancheur sanglotante des lys

Qui roulant sur des mers de soupirs qu’elle effleure

A travers l’encens bleu des horizons pâlis

Monte rêveusement vers la lune qui pleure !

 

Hosannah sur le cistre et dans les encensoirs,

Notre Dame, hosannah du jardin de nos limbes !

Et finisse l’écho par les célestes soirs,

Extase des regards, scintillement des nimbes !

 

Ô Mère qui créas en ton sein juste et fort,

Calices balançant la future fiole,

De grandes fleurs avec la balsamique Mort

Pour le poète las que la vie étiole.

 

In, Catulle Mendes : « La légende du Parnasse contemporain »

Auguste Brancart éditeur, Bruxelles (Belgique), 1884

Du même auteur :

 Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui… » (11/06/2014)

Brise marine (11/06/2015) 

Le Tombeau d’Edgar Poe (11/06/2016)

L’Azur (28/09/2017)

Sainte (28/09/2018)

« À la nue accablante tu... » (28/09/2019)

Renouveau (22/03/2023)

Apparition (22/03/2024)

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