Nima Youchidj (1897 – 1959) / علی اسفندیاری : « Qouqouliqou le coq chante... »
Qouqouliqou le coq chante.
Du village blotti dans un creux
Du chemin en pente, veine sèche
Où le sang reprend sa course dans le corps des morts,
Le cri tisse sa trame sur le mur froid de l’aube
Et déborde partout dans la plaine :
Le chemin s’est rempli de son chant libre
Qui porte à l’oreille l’heureuse nouvelle
Indique aux caravanes des contrées mortes
La route qui mène aux pays de la vie.
Douce approche
Chaleur du sang
Battement d’ailes
Plumes hérissées.
L’oreille aux aguets, la caravane
Est fascinée par ce chant qu’elle aime
Qouqoulicou sur la route obscure
Qui reste à la traîne ? Qui est fatigué ?
Ce souffle chantant a réchauffé
La nuit d’hiver alourdie de gel :
L’étincelant matin laveur du jour
A fait la lumière sur toute chose.
Le matin au pas rapide retarde son départ
Baisant la terre à s’en briser les lèvres
Dès que le coq arrache de ses entrailles
Ce chant et son âme offerts au froid brûlant.
Qouqoulicou. La nuit aveugle se sauve
Du pays visible au monde qui se cache
Comme un monstre que le chant du jour
Fait s’enfuir par la porte du matin.
Sur la route un cavaler se hâte
Et bien que son cheval s’effraie dans le noir
L’éternuement du matin a crayonné dans sa tête
La jubilante image de l’aurore.
Cet instant inonde ses yeux
Et comme le jour
Le chemin s’éclaire
Apportant la joie.
Il éperonne sa monture.
Qouqoulicou le cœur et la tête s’ouvrent
Au matin arrivé. Le coq chante.
L’oiseau captif de la nuit tombale
S’est libéré de sa cage étroite.
Dans le désert, par la route longue et lointaine
Qui reste à la traîne ? Qui est fatigué ?
(La ville, le matin)
Traduit du persan par Chahrachoub Amirchahi et Alain Lance
In, « Iran, Poésies et autres rubriques »
Editions Maspéro, 1980