Angel González (1925 – 2008) : Qu’y pouvons-nous ?
Qu’y pouvons-nous ?
Et maintenant
l’âme vide une fois
encore,
je contemple le lent partage des jours
qui me poussent vers je ne sais quel destin
sombre, pressenti
sans curiosité aucune. C’est ennuyeux
de savoir et de ne pas savoir, de se tromper
et d’avoir raison. Et d’être sûr de soi
est aussi insupportable dans bien des cas
que douter, céder, se décomposer.
Rassuré, sain et sauf, maintenant
que la douleur est passée,
j’observe l’inquiétude comme s’il s’agissait d’une trace
fondue sur mon dos
avec l’épais limon
des évènements quotidiens, voués
- avant que d’être des souvenirs – à l’oubli.
L’indifférence face à son propre sort
n’est pas meilleure compagne que l’angoisse,
et mon sourire
(quand le hasard nous met,
mon vieil amour,
face à face)
ne représente autre chose que l’absence
d’un geste plus juste
pour signifier la sèche, la douloureuse,
l’irréparable perte des larmes.
Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet,
In « Poésie espagnole. Anthologie 1945 – 1990 »
Actes Sud / Editions Unesco, 1995
Du même auteur :
Monde inquiétant (18/05/2015)
Synesthésie (18/05/2016)
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