Joachim du Bellay (1522 – 1560) : « Comme on passe en été... »
Comme on passe en été le torrent sans danger,
Qui soulait (*) en hiver être roi de la plaine,
Et ravir par les champs d’une fuite hautaine
L’espoir du laboureur et l’espoir du berger :
Comme on voit les couards animaux outrager
Le courageux lion gisant dessus l’arène,
Ensanglanter leurs dents, et d’une audace vaine
Provoquer l’ennemi qui ne se peut venger :
Et comme devant Troie on vit des Grecs encor
Braver les moins vaillants autour du corps d’Hector :
Ainsi ceux qui jadis soulaient, à tête basse,
Du triomphe romain la gloire accompagner,
Sur ces poudreux tombeaux exercent leur audace,
Et osent les vaincus les vainqueurs dédaigner.
(*) soulait : avait l’habitude de
Les Antiquités de Rome
Frédéric Morel, l'Ancien, imprimeur, 1558
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