Pablo Neruda (1904 – 1973) : « Que ne t’atteigne pas l’air... » / « No te toque la noche... »
Que ne t’atteigne pas l’air, l’aurore, la nuit,
mais seulement la terre, et la vertu des grappes,
et la pomme qui pousse en entendant l’eau pure,
la résine et la boue de ta terre odorante.
Depuis Quinchamali où tes yeux furent faits
jusqu’à tes pieds créés pour moi sur la Frontière
tu es la glaise obscure et que je reconnais :
tout le blé je le touche à nouveau sur tes hanches.
Et peut-être l’ignorais-tu, mon Araucane,
lorsque avant de t’aimer j’oubliai tes baisers
qu’il me restait au coeur mémoire de ta bouche
et j’allai par les rues pareil à un blessé
pour comprendre à la fin que j’avais découvert
mon territoire, amour, de baisers, de volcans.
Traduit de l’espagnol par Jean Marcenac et André Bonhomme
in, Pablo Neruda : « La centaine d’amour »
Club des amis du livre progressiste, 1965
Du même auteur :
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Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée / Veinte poemas de amor y una canción desesperada (02/11/2015)
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No te toque la noche ni el aire ni la aurora,
sólo la tierra, la virtud de los racimos,
as manzanas que crecen oyendo el agua pura,
el barro y las resinas de tu país fragante.
Desde Quinchamalí donde hicieron tus ojos
hasta tus pies creados para mí en la Frontera
eres la greda oscura que conozco :
en tus caderas toco de nuevo todo el trigo.
Tal vez tú no sabías, araucana,
que cuando antes de amarte me olvidé de tus besos
mi corazón quedó recordando tu boca
y fui como un herido por las calles
hasta que comprendí que había encontrado,
amor, mi territorio de besos y volcanes.
Poème précédent en espagnol :
Claudio Rodriguez : Parce que nous ne possédons rien / Porque no poseemos (20/09/2018)
Poème suivant en espagnol :
Antonio Gamoneda : « Il existait tes mains... » / « Existían tus manos... » (04/12/2018)