Jacques Prevel (1915 – 1951) : « J’ai souffert... »
J’ai souffert autant qu’on peut souffrir au monde
Mais j’ai connu la joie atroce de rêver
J’ai connu la douleur d’effacer son visage
Au feu de ma raison
J’ai connu dans la nuit avide de mon sang
Le vent jaloux de Dieu
Le vent qui n’a jamais connu sa voix d’enfant
J’ai connu l’attente obscure
La foule avide et dérisoire
Distribuant ses fantômes et noyant ma mémoire
Raz de marée brisant ma vie
À travers les brouillards de ses yeux dispersés
J’ai connu l’obsession d’un mal que je vénère
J’ai connu le tourment du doute et son visage
Et ses paroles effaçant ma douleur un moment
Et confondant ma nuit avec ses yeux fermés
Poèmes mortels
Chez l’auteur, 1945
Du même auteur :
« Dans le temps, dans la nuit... » (04/06/2014)
« Ce que je peux dire… » (04/06/2015)
« Enfant je me suis étonné… » (04/06/2016)
« Au moment d’écrire… » (04/06/2017)
En dérive vers l’absolu (04/06/2019)
Tous nos amis sont morts (04/06/2020)
« J’ai tout jeté dans l’extase... » (04/06/2021)
« Que chaque parole... » (04/06/2022)
Je suis un homme à même un monde... (04/06/2023)
Je t’ai raconté l’histoire 04/06/2024)
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