René Char (1907 – 1988) : Fièvre de la Petite-Pierre d’Alsace
Fièvre de la Petite-Pierre d’Alsace
Nous avançons sur l’étendue embrasée des forêts, comme l’étrave face aux
lames, onde remontée des nuits, maintenant livrée à la solidarité de l’éclatement
et de la destruction. Derrière cette cloison sauvage, au-delà de ce plafond,
retraite d’un stentor réduit au silence et à la ferveur, se trouvait-il un ciel ?
Nous le vîmes à l’instant que le village nous apparut, bâtisse d’aurore et de
soir nonchalant, nef à l’ancre dans l’attente de notre montée.
Bonds obstinés, marche prospère, nous sommes à la fois les passants et la
grand-voile de la mer journalière aux prises avec des lignes, à l’infini, de
barques. Tu nous l’apprends, sous-bois. Sitôt le feu mortel traversé.
Poèmes des deux années, 1953 -1954
G.L.M. éditeur, 1955
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