René-Guy Cadou (1920 – 1951) : Celui qui entre par hasard
Celui qui entre par hasard
Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque nœud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux que tout le cœur de la forêt
Il suffit qu'une lampe pose son cou de femme
À la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin.
Hélène ou le règne végétal
Pierre Seghers éditeur, 1951
Du même auteur :
« La nuit ! la nuit surtout… » (18/01/2014)
« Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires… » (18/01/2015)
Les visages de solitude (18/01/2016)
Hélène (18/01/2017)
L’inutile aurore (18/01/2019)
Cornet d’adieu (18/01/2020)
La maison d’Hélène (18/01/2021)
La Haie Longue : 1km (18/01/2022)
Automne (18/01/2023)