Shū Ting / 舒婷 ( 1952 -) : La perle, cette larme de la mer
La perle, cette larme de la mer
Dans ma paume tremblante est posée une perle,
telle une larme jaune pâle gouttant de la mer…
quand les flots s’éloignent pleins de ressentiments,
sanglotent devant la blanche poitrine de la terre,
elle est larme brûlante dans les yeux du héros,
elle a sa loyauté,
la lumière envieuse
ne saurait la changer en goutte d’eau pure ;
quand l’ovation des vagues s’approchent,
la terre à bras ouverts accueille l’être aimé,
elle est fils de famille noble sur le sein d’une jeune fille
elle est sentimentale comme le cœur d’une jeune fille
le temps dans pitié
ne peut flétrir ses pétales.
Elle est maints étreintes
et adieux dans les larmes
et parmi tant de joies mêlées de tristesse
strophes sublimes abandonnées
elle est maints matins de brume
maintes nuits de pluie
et en de maintes années
cette harmonie musicale oubliée.
dispersée…
le sang des vaincus,
érigées…
les stèles des vainqueurs.
Elle fut témoin de la gloire empestant le sang,
elle a consigné des crimes grandioses.
Elle, si grandiose,
ses contours, ses coloris
englobent un vague et vaste univers,
résument ce monde immense ;
elle, si petite, pure comme mes vers,
le vent qui me fustige en gémissant,
ne peut l’arracher de ma paume.
Telle une larme jaune pâle gouttant de la mer,
dans ma paume tremblante est posée une perle …
Traduit du chinois par Chantal Chen-Andro
In, « Le ciel en fuite. Anthologie de la nouvelle poésie chinoise »
Editions Circé, 88210 Belval, 2004
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