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Le bar à poèmes
10 novembre 2017

Marcellin Pleynet (1933 -) : La grande élégie doit tout dire

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La grande élégie doit tout dire

 

A Robert Motherwell

 

Mémoire derrière la mémoire

ils éveillent la sombre nuit

la peur qui sommeille à la voûte

le temps où brille la pensée

les monstres de l’intelligence

la fable et l’intelligence du temps

 

où encore la vérité



histoire et préhistoire du monde

soufflant au lointain dans un cri

la naissance

le bain de sang

la peinture à l’envers du monde

 

et tous ceux qui habitent le puits

 

 

Comme Giotto le premier jour

à l’imitation de la vie

sur le mur

 

Comme Giotto le premier jour

à l’imitation de la vie

et le mur d’une vision sublime

 

noir comme l’encre

et comme un cri

et dans toute sa vérité

frappant la vue

à l’imitation de la vie

 

et dans toute sa vérité

frappant la vue

la grande élégie doit tout dire

avec son visage de chien

et sa mémoire

 

à l’imitation de la vie

la couleur

l’eau

la lumière

la figure pariétale

et l’air

la leçon en éclats

sur le quai

la fable bleue          Beside the Sea

 

la grande élégie doit tout dire

le commencement de la peinture

et la fin

et le commencement du monde

avec sa mémoire de chien

 

la grande élégie doit tout dire

tous les dieux et toutes les légendes

the Golden Fleece sur le mur jaune

et la maintenance du temps

avec son manteau peint

le Voyage Ten Years After

 

la grande élégie doit tout dire

et le voyage et l’heure

 

et tout commence et recommence

de ce savoir réconcilié

la jeunesse de la peinture

et le voyage et l’heure

et tous les âges de la vie

 

la grande élégie doit tout dire

lorsqu’ils descendent sur le quai

à cinq heures de l’après-midi

 

la grande élégie doit tout dire

la poésie le puits le drame

la célébration et la source

la force et l’intelligence

à l’imitation de la vie

 

à l’imitation de la vie

de la fable et de la légende

Motherwell comme Giono

où brille la pensée soudaine

et que recommence la nuit

 

la grande élégie doit tout dire

où perce et brille la pensée

l’œuvre d’art la passion la vie

 

la grande élégie doit tout dire

et l’unique commencement

le rocher de la certitude

et l’amitié

et la peinture

enfin réconciliée

à sa hauteur présente

 

ici et maintenant

à l’imitation de la vie

 

Les Etats-Unis de la peinture

Editions du Seuil, 1986

 

Du même auteur : « Ici le monde se connaït… » (10/11/2016)

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