Louis Brauquier (1900 – 1976) : Pluie
Pluie
Elle se pose, couvre la terre, la pénètre
Doucement – aussitôt ses racines s’émeuvent –
Puis touche les formes nubiles du printemps.
Silence bienheureux des végétations,
Inondées d’un plaisir, lent à naître, où s’ébranlent,
Dans l’ombre, vers le jour, les sèves délivrées.
*
Elle
s’enfonce
hésite aux seuils
cherchant l’abîme.
Par les cheminements qu’elle sait du déluge,
Elle atteint, enfin, les rives des étangs morts ;
Où les dieux du chaos à tête de poisson,
Aveugles, ouvrent leurs gueules vers la promesse
Faite par ceux d’en haut à leurs frères profonds.
In, "La Nouvelle Revue Française, N° 280, avril 1976"
Editions Gallimard, 1976
Du même auteur :
Attentes (24/06/2015)
« J’ai la nostalgie d’une plaine d’herbes... » (24/06/2016)
La mer mauvaise (27/12/2018)
« Nous avons marché côte à côte ... » (27/12/2019)
« Sorcières des étangs... » (27/12/2020)
« Je voudrai être une pierre... » (27/12/2021)
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