Jacques Josse (1953 -) : « Dès l’aube, la brume… »
Dès l’aube, la brume cherche un éclat de vie dans les yeux des ramasseurs
de pommes de terre.
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Le braconnier n’ose plus bouger. Il est persuadé que la brume a changé de
place à ses collets.
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Des fois la brume s’absente pour une urgence à 2000 mètres au-dessus de
nos têtes. On ne la voit plus mais on la devine au travail, tissant sans relâche
des coussins doux pour les avions de La Pan Am ou de la Luftansa.
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L’espèce de fumée blanche qui vaque, les coudes posés sur les mottes de
terre du cimetière, n’a aucun lien de parenté avec la brume. Il s’agit, simplement,
de la petite haleine des morts.
Revue « Le nouvel Ecriterres, N° 5, printemps 1991
29720, Plonéour-Lanvern, 1991
Du même auteur :
« J’ouvre le livre… » (03/10/2016)
« Hier soir un homme... » (03/10/2018)