Bohuslav Reynek (1892 – 1971) : Souvenir de la solitude
Souvenir de la solitude
Solitude des vitres. Solitude de la porte.
Porte dans le noir. Vitre où baisse le jour.
Porte pour accueillir le front. L’ombre bruit dans un buisson.
Vivre dans l’angle. Ailleurs un simple mur.
Le mur suinte. Au plafond il arrache une plainte.
Fatigue de la bouche sous le pas des soupirs.
Solitude du plafond. Couvercle esseulé.
Esseulée solitude. Quelqu’un éclate en sanglots.
Solitude de l’hiver. Gel. Des griffes blanches
écorchent la vitre. Instants tétanisés.
L’aube sous le seuil. Sans feu.
Une feuille, flamme chue. Baisers cendreux.
Feuille soufflée de sa branche. Seuil scellé.
Les lèvres persistent. Embrassent la poussière, les planches.
Traduit du tchèque par Petr Král
in, "Anthologie de la poésie tchèque contemporaine, 1945 - 2000"
Editions Gallimard, (Poésie), 2002
Du même auteur :
Feuilleter (23/03/2016)
Les pieux (23/03/2018)