Tahar Bekri (1951 - ) : Comme une forêt en marche
Comme une forêt en marche
Si ta vague ne soulève pas la mer
Si tes voiles sont soumises aux vents
Si ton gouvernail ne brise pas la houle
Si tes flots n’emportent que l’écume
Si ton cri n’est pas plus fort que l’océan
Comment peux-tu libérer l’horizon ?
Si ton sable est toujours mouvant
Si du soleil brûlant tu caches ton front
Si ta halte perd son chemin
Si ta sueur n’irrigue pas ton sel
Si ta nuit n’accouche pas de l’aube
Comment peux-tu dompter le mirage ?
Si ton palmier ne reste pas debout
Si le grenadier n’a pas la couleur de ton sang
Si ton amandier oublie ses fleurs
Si ton olivier ne retient pas ses feuilles
Si ton rosier ne donne que des épines
Comment peux-tu semer ton rêve dans le sillon ?
Si la braise n’est pas pour nourrir ton feu
Si l’étincelle ne berce pas tes chants
Si ta semelle ne réveille pas le cœur de la terre
Si ton pas n’avance pas comme une forêt
Si tu marches en courbant l’échine
Comment peux-tu enfanter les bourgeons ?
Si ta main ne porte pas ta voie
Si ta pierre ne fend pas le marbre
Si ton volcan dort parmi les cendres
Si tu remplis ta poitrine de poussière
Si l’obscurité aveugle ta lumière
Comment peux-tu accueillir le printemps ?
Il fait un temps de poème. Volume 2
Textes rassemblés par Yvon Le Men
Filigranes Editions, Lec’h Jeffroy, 22140 Trézélan
Du même auteur :
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Quatrain pour une lune désespérée (15/12/2022)
Afghanistan (15/12/2023)