Olivier de Magny (1529 – 1561) : Sonnet à Mesme
Sonnet à Mesme
Ce que j'aime au printemps, je te veux dire, Mesme ;
J'aime à fleurer la rose, et l'oeillet, et le thym,
J'aime à faire des vers, et me lever matin
Pour, au chant des oiseaux, chanter celle que j'aime.
En été, dans un val, quand le chaud est extrême
J'aime à baiser sa bouche et toucher son tétin
Et sans faire autre effet, faire un petit festin
Non de chair, mais de fruit, de fraises et de cresme.
Quand l'automne s'approche et le froid vient vers nous
J'aime avec la chastaigne avoir de bon vin doux
Et assis près du feu, faire une chère lye.(1)
En hiver, je ne puis sortir de la maison,
Si n'est au soir, masqué ; mais, en cette saison,
J'aime fort à coucher dans les bras de ma mie.
(1) : Se réjouir
Les Amours d'Olivier de Magny Quercinoy et quelques odes de luy,
Etienne Groulleau et Vincent Sertenas, Paris, 1553
Du même auteur :
De l’absence de s’amie (16/06/2015)
« Gordes, que ferons-nous ?.. » (18/06/2017)
Au Roi (18/06/2018)
« Je cherche paix... » (18/06/2019)