Nourredine Aba (1921 -1996) : « Je suis comme un enfant… »
(…)
Je suis comme un enfant
Exaspéré par la peur
Qui croit s’en délivrer
En chantant,
Et je chante
Mon nom arabe,
Je chante ma terre arabe,
Je chante
La révélation de l’amour dont on sait
Au premier regard
Qu’il ne sera jamais recommencé,
Je chante
Tes longues tresses qui descendent
Comme des queues de renard sur tes épaules,
Je chante ta bouche
Comme une prune éclatée,
Je chante
Notre encharnellement soudain
Porté à son point d’orgue,
Je chante l’enfance délirante d’illusions
Au midi de son printemps,
Je chante
Mon pays tout en fleurs,
Mon pays couronné d’ombres douces,
Mon pays aux rives éblouissantes,
Ecoute Gazelle, écoute
Monter de la rade proche
Le bruit de la mer
Qui rejette sur les rivages
Ses blancs rubans d’écume,
C’est là que je vais de ce pas
Enterrer ma colère, la planter comme une graine
Et comme par défi à ces bourreaux
Mêler aux rumeurs des vagues
Mon chant d’ESPOIR IRREDUCTIBLE.
Le chant perdu au pays retrouvé
In, « De tous les lieux du Français »
Fondation d’Hauvillers, Paris, 1975
Du même auteur :
« On dit que vos porteurs d’encensoir... » (09/11/2019)
« De radeau en radeau... » (09/11/2020)