José Manuel Caballero Bonald (1926 - 2021) : Verset de la genèse / Versículos del génesis
Versets de la genèse
Par les fenêtres, par les trous
de serrure et les racines,
par les orifices et les fentes,
par les dessous de porte,
la nuit entre.
La nuit entre comme un crime
dans les brisants de la vie,
elle parcourt salles d’hôpitaux,
chambres de bordel,
églises, alcôves, cellules, cahutes,
et aux commissures des lèvres
la nuit entre aussi.
La nuit entre comme une masse
de mer vide et de caverne,
elle se répand sur les bords
de l’alcool et de l’insomnie,
elle mord les mains du malade
et le cœur des mendiants,
et dans la blancheur des pages
la nuit entre aussi.
La nuit entre comme un vertige
dans la ville prise au dépourvu,
elle monte les escaliers et les côtes,
elle rampe derrière les lâches,
aveugle la chaux et les couteaux,
et dans les fracas des paroles
la nuit entre aussi.
La nuit entre comme un cri
dans le silence des murs,
elle propage frayeurs et veilles,
elle vibre au profond des pierres,
laissant l’avalanche de son épaisseur
entre les corps qui s’aiment,
et sur le papier griffonné
la nuit entre aussi
Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet
In, « Poésie espagnole. Anthologie 1945 – 1990 »
Actes Sud / Editions Unesco, 1995
Du même auteur :
Ma prophétie, c'est ma mémoire / Mi propia profecía es mi memoria (10/07/2015)
Un livre, un verre, rien / Un libro, un vaso, nada (10/07/2017)
Tandis que j’ajuste mon âge au temps (10/07/2018)
Pas aujourd’hui / Hoy no (10/07/2019)
Cinématographe (10/07/2020)
Transfiguration de la perte / Transfiguración de lo perdido (09/07/2022)
Anamorphose / Anamorfosis 10/07/2023)
Versículos del génesis
Por las ventanas, por los ojos
de cerraduras y raíces,
por orificios y rendijas
y por debajo de las puertas,
entra la noche.
Entra la noche como un trueno
por los rompientes de la vida,
recorre salas de hospitales,
habitaciones de prostíbulos,
templos, alcobas, celdas, chozos,
y en los rincones de la boca
entra también la noche.
Entra la noche como un bulto
de mar vacío y de caverna,
se va esparciendo por los bordes
del alcohol y del insomnio,
lame las manos del enfermo
y el corazón de los cautivos,
y en la blancura de las páginas
entra también la noche.
Entra la noche como un vértigo
por la ciudad desprevenida,
rasga las sábanas más tristes,
repta detrás de los cobardes,
ciega la cal y los cuchillos
y en el fragor de las palabras
entra también la noche.
Entra la noche como un grito
por el silencio de los muros,
propaga espantos y vigilias,
late en lo hondo de las piedras,
abre los últimos boquetes
entre los cuerpos que se aman,
y en el papel emborronado
entra también la noche.
Las adivinaciones,
Ediciones Rialp (Adonais), Madrid, 1952
Poème précédent en espagnol :
Pablo García Baena : Seul ton amour et l’eau…/ Sólo tu amor y el agua... (27/04/2015)
Poème suivant en espagnol :
Luis Mizón : L’arbre / El árbol (05/08/2015)